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17 avril 2013 3 17 /04 /avril /2013 00:00

 

Nos cuisiniers de mots :

Sébastien - Marie 11 ans - Juliana 12 ans - Emma 7 ans - Muriel - Marcel - Paul 8 ans - Catherine - Jean-Michel - Clodine

 

avec....Au bord de l’eau…

Ce mot me rappelle beaucoup de choses…

J’ai eu des problèmes de santé, ça n’allait plus moralement

J’aime être au bord de l’eau car ce lieu m’apaise

Jean-Michel

avec...Jardin, Oiseaux, Au bord de l’eau

Mon jardin n’est pas au bord de l’eau

Les deux arrosoirs se remplissent d’eau de pluie

Doucement les murs de plaques se décorent de plantes grimpantes

Petit à petit les fleurs apportent leurs couleurs et les oiseaux un air de printemps

 Catherine

 

avec... Vieux, Toit

Le vieux monsieur vivait dans une ville

Il habitait une maison avec un toit troué comme un gruyère

Un soir il essaya donc de le réparer

Juliana

 

avec... Vieux, Marché, Depuis, Plaisir des yeux

Depuis que le vieux va au marché

Il achète ses légumes et ses fruits

Et voit ses fleurs pleines de couleurs

De vie

C’est le plaisir des yeux

Emma

Dans mon jardin je vois des limaces qui rampent sur les légumes

Des coccinelles sur les pieds de tomates, une famille de lapin

Traversant le jardin

Juliana

 

Quand on va chez Papi Moïse

Je vois des lézards, des frelons, des abeilles

et quand on va à la ferme chercher du lait de vache

On voit des biquettes, des petits veaux

Emma

 

Dans mon jardin

J’ai vu des souris mais elles sont passées sous la tondeuse allumée de mon père

Elles sont mortes

Marie

 

Au Jardin de Cocagne

J’avais bien travaillé et je me reposais au coin  détente

Sous un arbre

Tables

Et chaises

C’était l’été

J’étais tranquille

Quand je me suis fait attaquer

Attaqué par quoi ?

Un chien ?

Un lion ?

Non, non, non

Par une toute petite bête

Une grosse guêpe !

J’ai ressenti une douleur à mon bras droit qui a doublé de volume

En rentrant chez mois j’ai fait 4 malaises mais je n’ai pas été aussitôt chez le médecin mais

2, 3 jours …je me suis fait engueuler… !

Jean-Michel

 

A l’atelier des oiseaux

Il n’y a pas de jardin

C’est là-haut, tout en haut dans les nuages

C’est doux comme du coton

Mais il fait chaud là-haut

Dans le ciel tout près du soleil

Alors parfois, souvent même, les oiseaux descendent sur terre, dans les jardins, ou au bord de l’eau, pour boire et se reposer dans l’herbe fraîche

Clodine

 

Le soir vers 11h

J’entend un cri d’oiseau

Mais ce n’était pas un oiseau

C’était une maman hérisson avec ses petits

Le temps d’aller chercher une lampe de poche

La mère et ses deux petits avaient parcouru plus de 20 m !

Deux mois après j’ai retrouvé l’un d’eux en danger sur la route

Avec un sac plastique, parce que ça pique !, je l’ai posé dans la haie en face

Je lui souhaite longue vie à cet animal qui débarrasse le jardin des limaces et des escargots

Marcel

 

Le jardin

Lieu de rencontre

Avec les amoureux de la nature

Lieu de création et de récréation

Semer, planter, arroser, récolter

En semant, en plantant, en arrosant, en récoltant

Lieu où l’on cultive des aliments bio sans OGM, sans pesticides

Lieu de réconciliation entre son corps, son esprit

Un esprit sain dans un corps sain

En lien avec les filets solidaires

Confiance et solidarité

Marcel


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15 avril 2013 1 15 /04 /avril /2013 00:00

 

La tubéreuse

La tubéreuse est une méchante sorcière qui vit dans le désert du Sahara. Personne n'a réussi à entrer, même à voir son manoir hanté. Un jour, un jeune homme nommé Lury, tenta d'entrer dans le désert avec un masque à gaz, des grosses bottes, un chapeau, des lunettes, des protèges genoux et tibias, des épaulettes, un bouclier, 20 paires de chaussettes et une épée bien sûr. Il détruisit la maison en 2 coups de cuillère à pot. Il ne resta plus qu'un petit fantôme. 

Louison, 9 ans


 

Le petit dragon commun

Il voulait cracher du feu mais pas beaucoup

Il voulait faire peur, mais pas du tout

Il voulait être grand, mais restait petit

Il voulait être méchant, mais restait gentil

Alors, tous ses copains du jardin

L'appelaient « petit dragon commun »

Gaëtane


 

Pour faire un jardin il faut un rêve puis un petit coin de terre puis un zest d'imagination puis de la générosité pour offrir ses fleurs et ses légumes puis le sens du partage avec les lézards, les coccinelles et les limaces et enfin  de la gourmandise ....pour les fraises!

Je ferme les yeux, je  goûte le chant des oiseaux, le croa croa des grenouilles, le bruissement des feuilles et des roseaux, la caresse du vent sur mes joues, la chaleur du soleil dans mon cou. J'ouvre les yeux, j'entends la ville; vite je referme les paupières.

Une fleur, c’est comme une maison, elle peut être très accueillante avec son petit tapis d'étamines tout doux à l'entrée, mais avant d'y poser votre blase, vérifiez que la fleur n'est pas occupée: elle peut avoir des invités qui viennent se restaurer au nectar  ou se désaltérer de gouttes de rosée. Comme une maison, elle ferme ses volets de pétales contre les éléments naturels et les ouvre tout grands pour aérer et capter les rayons du soleil. Entreriez-vous sans prévenir chez vos voisins, ben non, alors faites toc toc avant d’entrer chez les fleurs !

 

Marielle Asseline

 


 

 

Perchée, cachée

Ma cabane de jardiniers « Au cabaret des oiseaux »

C’est un délice un vrai gâteau

Au fil du temps

J’ai invité mon amant

Très attachant

Voir envahissant

Mais si attendrissant

J’aime son côté sauvage

Mais je déteste qu’il soit volage

J’ai tiré les fils du drap pour les rendre les plus fins possible

Clodine

 

Je ferais pousser des boutons d’or pour avoir des habits de lumière

Clodine

 

Pour être un bon jardinier

Il faut le chant des oiseaux dans ses oreilles

Le vent sur ses avant-bras

L’arc-en-ciel devant ses yeux

Clodine

 

J’ai entendu

Un oiseau rire d’un rire moqueur

Se moquait-il de nous ?

Un autre répéter « fait beau, fait beau »

Les chuchotements d’une petite fille

 Clodine

 


 


Je ferais pousser des pensées des cœurs et des fontaines

Des pensées pour méditer tout simplement

Des cœurs pour attendrir les pierres

Des fontaines pour me rafraîchir et m’y baigner

Roselyne

 

Un bon jardinier a une roue

Retourner la page

Celle de sa brouette

Roselyne

Crissement du crayon sur la feuille

Chuchotement de petits humains

Partitions de musique Fonds musical des oiseaux

Pas d’enfant suir le bois

Croassements de batraciens

Brouhaha des voitures

Roselyne

Dans ma cabane géante un joli bouquet de

Fleurs de capucines au cœur de la cuisine

Où fleurs d’églantiers et de prunelliers

Mange le jardinier-cuisinier

Qui a aussi cueilli violettes et ciboulettes

Pour égayer son omelette

Roselyne


 

Ma cabane au fond du jardin est

Envahie de rumex, appelée aussi

Patience sauvage, car il va m’en falloir beaucoup pour m’en débarrasser

Toutes les plantes sauvages sont envahissantes

Catherine


 

Je ferais pousser des elfes, des parasols jaunes, des lavandes pour avoir un océan bleu

Je ferais pousser des elfes pour avoir un monde imaginaire

Des parasols jaunes pour avoir toujours du soleil

Des lavandes pour avoir un océan bleu

Sophie et Sylvie

Le bruit de la grenouille dans la mare

Le chant de l’oiseau dans les arbres

Mon crayon qui court sur ma feuille

Les feuilles qui bougent dans le vent

Sophie et Sylvie

 

Pour être un jardinier l faut une pincée d’imagination, une mesure de rêve, et une bonne dose de persévérance et d’amour

Sophie et Sylvie


Des pensées pour ne rien oublier

Des soleils pour illuminer mes journées

Des fontaines pour décorer

Laurine

Sur cette cabane poussait du lierre, symbole de fidélité éternelle

On pouvait sentir d’ici l’odeur envahissante de la sauge et des petits dragons communs. Par la fenêtre, on apercevait l’herbe de charpentier et des fleurs pour égayer les plats

Laurine


 

Je ferais pousser des tournesols des billets de banques et des océans

Des boutons d’or pour le bonheur de mon portefeuille

Alice et Justine

Des iris pour mes beaux yeux bleus

Des tissus pour me faire des doudous

Alice

 

Pour un jardin il faut un bout de terrain, s’armer de patience, ou de passion aussi faire alliance avec Dame Nature

Alice

 

Ma cabane est entourée d’ortie, le met préféré des chenilles des paillons vulcain, paon du jour, petites tortues et par de nombreux autres insectes

Dans cette cabane de coton où j’entrepose cardine ou chardons à foulon

 

A faire pousser que j’utiliserai pour carder les fils de draps de laine pour me chauffer les jours de gel

Alice


Je ferais pousser des souris des cœurs

Bonheurs pour rendre les gens heureux

Des soleils pour avoir chaud

Des doudous pour faire des câlins doux, doux

Catherine

 

Punaise !

Dans ma cabane, un lierre accusé à tort se retrouve accroché avec des punaises et me sert de support

Catherine

 

Pour être jardinier il faut avoir de bonnes idées de la patience et de la sincérité

Catherine

 

Jardin de plantes aromatiques

Jardin où sont interdits les moustiques

Jardin d’Eden où on attrape la flemme

Catherine

 

Pour faire un jardinier il faut une jardinière

Pour faire un jardinier il faut du savoir-faire,

La sagesse des anciens et sa propre créativité

 

Les bruits du printemps 

Un silence apaisant

De doux bruit et un soleil caressant

Les arbres chantent

Rires d’enfants, conversations des oiseaux, bourdonnement des autos et bruits de pas sur les cailloux

 

Des plantes couleur

Des plantes senteur

Des plantes saveur

Des plantes à l’orthographe épineuse

Des plantes qui égayeront vos plats

 

Patience sauvage, Fidélité éternelle…. les jardiniers sont des poètes !

 

Des rhubarbes géantes qui n’ont aucune qualité culinaire…ça vaut bien la peine !

 

Jardiner en rimant c’est plus amusant

 

Discuter avec le jardinier

Repartir avec des souvenirs et des pieds de mélisse

Quel délice !

 

Phrases entendues

L’amour des jardins

Ça sent le frais

Faire pousser des cœurs

Cultiver la diversité

Plantes aromatiques - Plantes électriques

Richesse

Catherine

 

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10 avril 2013 3 10 /04 /avril /2013 00:00

A partir de l’exemple et d’extraits du poème « Liberté » de P. Eluard


Sur la vitre des surprises
Bien au-dessus du silence
Plonger dans les profondeurs.

Qu’est-ce que la vie ?

L’éclat d’une luciole dans la nuit
Le souffle de l’enfant endormi
La libellule irisée.

Qu’est-ce que la vie ?

La beauté de la nuit
de l’ombre qui court dans l’herbe
et du soleil levant.

Qu’est-ce que la vie ?

Sur mes refuges détruits
Vérité de l’instant
Cœur dilaté et souffrant.

Qu’est-ce que la vie ?

Poussière de nos ancêtres
Terre amoureuse
au commencement de toutes choses.

Qu’est-ce que la vie ?

A partir de rien
Naissance d’un tout unique et singulier
Homme au nom sacré pour l’éternité.

Isabelle

 


 

Connaître le froid
Croire au printemps qui va venir
Pour faire place aux rêves nacrés

Connaître l’usé et l’érodé
Croire au renouveau possible
Pour faire place aux rêves nacrés

Connaître l’odeur du rance
Croire au parfum des violettes
Pour faire place aux rêves nacrés

Connaître le noir de la tristesse
Croire à l’insouciance et à la joie
Pour faire place aux rêves nacrés

Connaître la fatigue
Mais faire confiance à la vie
Pour laisser vivre nos rêves nacrés

Ackane

 


 

Sur toutes les pages lues
sur tout ce qui me vient
sur la magie des mots...
Vrai cadeau !

Sur le fruit coupé en deux
juteux de miel et de soleil
sur l'été si chaud...
Vrai cadeau !

Sur le miroir de ma chambre
sur les draps parfumés
tu t'es posé jeune et beau...
Vrai cadeau !

Sur le banc du jardin
sur les fleurs épanouies
sur les arbres, les oiseaux...
Vrai cadeau !

Sur les rires et les joies
sur les chants, la guitare,
l'amitié qui tient chaud...
Vrai cadeau !

Clo  Th.

 


 

Sur mon chien gourmand et tendre

Une litanie m’est demandée.

 

Sur mon chien gourmand et tendre

Je pourrai dire monts et merveilles

 

Sur mon chien gourmand et tendre

J’ai des histoires à raconter

 

Sur mon chien gourmand et tendre

Mieux que des mots,

Ce sont mes mains que je pose.

VLG

 


 

Une taupe, un lombric, une chrysalide, une chenille,

sur chaque motte de terre, un insecte a surgi.

Un chapeau, un sécateur, un rateau, une pelle,

les outils ont déchiré profondément ses mains.

Des rides, des plis, des taches, des marbrures,

ont recouvert lentement la peau de son visage.

Des courbatures, des courbures, des cambrures,

ont brisé peu à peu l'harmonie de son corps

          Il est fatigué le jardinier.

Mimo

 


Sur l’écho de mon enfance

À l’école de la Liberté

Sur les images dorées

De mes livres d’écolier

J’écrivais des poésies

 

Sur l’écho de mon enfance

Aux goûters chocolatés

Sur mon tablier taché

De tartines confiturées

J’écrivais des mots sucrés

 

Sur l’écho de mon enfance

Aux beaux jours ensoleillés

Dans les jardins du papé

Je rêvais sous les cerisiers

Inventant des mots fruités

 

Sur l’écho de mon enfance

Dans la douce parenté

Où mon prénom résonnait

Il rimait avec soleil

Et avait un goût de miel

Michèlle

 


 

 

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10 avril 2013 3 10 /04 /avril /2013 00:00

Écrire un texte sur le thème du renouveau et des reconstructions, à partir d’un mot « terreau » et de notre prénom, mots de départ sur lequel semer d’autres mots et d’autres écrits.


Texte 1 : Isabelle / Semer


Bichonner l’homme de ma vie,
Imaginer un demain irisé,
Lire des histoires sucrées,
Jouir de musiques sacrées,
Aimer partir pour mieux revenir …

Confiante, agile et sûre, laisser advenir de jolis lendemains émerveillés.

Libellule légère et coriace, forte et déterminée, surprenante dans sa robe en lamé ;
Plonger, ailes irisées, dans la bulle de l’avenir à la  profondeur d’ émeraude et de saphir pour ravir le secret de la symbolique mystique.

Vérité de l’instant, correspondances cosmiques, résonances fléchées.
Émerveillement

+ d’enfance étonnée, scintillements étoilés.

Aimer toujours, encore et bien plus,
Dilater un cœur mélodieux, rayonnant de mille flèches ajustées.

Aimer énormément, d’un amour élégant, sagesse d’éléphant,

Et, légère dans le bazar ambiant, toujours belle,
jouir de la vie, radieuse et ravie. 

Isabelle

 


 

Texte 2 : Catherine / Renouveau


Une nouvelle page de vie à écrire … telle une naissance
Faire place aux rêves nacrés, voler vers l’or et l’irisé

 Riche d’enthousiasme, de joie et d’insouciance
S’élancer vers les jours à venir

 Se défaire du dur, du rance, et des mémoires tenaces
Se délester, ne pas s’encombrer

 Y croire à ce printemps qui va nous apporter, avec les délicates fragrances des violettes et des narcisses, un peu du chant des anges

 Espérer la douceur des beaux jours et la paix du cœur
 Surtout, y croire, envers et contre tout, avec confiance, à ce renouveau toujours possible.

Ackane


Texte 3 : Claudine / Ruisseau


C'était un vrai cadeau ! Être dans ce lieu, Aude y croyait à peine.
Le jour où elle quitta sa rue, son clan, elle ne savait pas où sa vie la conduirait. Et pourtant malgré ses doutes, si peu sûre d'elle, elle avançait.
Pas à pas, elle traversa son village, se retrouva en pleine campagne dans le silence de l'infini qui se déroulait devant elle. Un léger frisson lui parcouru le dos, frisson de liberté, d'inconnu, de crainte et de bonheur mêlés...étrange sensation entre terre et ciel.
Elle se sentait nue, légère, encline à l'aventure.
Un jour dans un hameau perdu, elle s'arrêta devant une toute petite maison fleurie, au toit de chaume, entourée de gazon épais, presque une maison de poupée. A la fenêtre, un pan de rideau le lin se souleva. Une femme plutôt jeune l'observait. Aude lui fit un petit signe de la tête, le rideau retomba. Quelques secondes à peine, et la porte de bois usé par le temps s'entrouvrit. D'une voix rieuse, la femme lui demanda :
-"Vous cherchez quelqu'un ? ou quelque chose ? "
-"Euh...non pas vraiment, je trouve votre maison très jolie avec son grand aulne sur le côté qui semble la protéger". On se croirait dans un conte !"
La femme sourit : "Aline", je m'appelle Aline. Et vous ?"
-"Moi, Aude. Bonjour ! Je marche depuis deux semaines et c'est la première fois que je rencontre une maison aussi pittoresque ! ça sent bon le printemps par ici !"

 Clo  Th.


Texte 4  : Véronique / Tomate


Ivre et titubant, il buta sur une motte de terre et culbuta de tout son long dans un plant de tomates. Il était dans un drôle d’état ! Vraiment ! Noir de chez noir ! Comme chaque soir.

Il démarrait tôt à téter sa bouteille. Sa vie à lui, à quoi bon le nier, était un désastre. Alors, sitôt levé, il avalait un premier verre pour chasser son désespoir, un deuxième pour anesthésier sa peine, un troisième pour oublier, et tous les autres pour plonger dans une joie factice et sans éclat.

Il était là, maintenant, la nuque dans la terre. Une terre humide et froide dont l’odeur rappelait des souvenirs confus. Pas des images, non. Plutôt des sensations liées à l’enfance. Une feuille lui chatouillait le front, lui cachant un pan de ciel étoilé.

Hector s’abandonna, le corps immobile, attentif aux battements de son cœur qui pulsaient contre ses tempes. Au-dessus de lui, la Grande Ourse.

Il se redressa un peu.

Cassiopée… Où était-elle donc ?

Et ses rêves d’antan, qu’étaient-ils donc devenus ?

À vouloir plus haut que les étoiles, il s’était perdu.

Dans le froid de la nuit, les odeurs du terreau, celle si caractéristique, presque acide des queues de tomates, tout ce vert, dessus, dessous, tout autour, lui prenaient des envies de construire, de recommencer autre chose.

Il partirait de la terre. Cette terre que lui avaient laissée ses parents. Cette terre abandonnée, délaissée… Il l’entamerait, la creuserait, la retournerait, la sèmerait.

VLG


Texte 5 : Elodie / Framboise


Sous la ramure des arbres, j’ai planté ma tente.

Seule, au milieu de nulle part, comme sur une île. Une légère brise attire le parfum des roses. Bientôt la nuit va tomber, mais là, rien ne presse. A l’abri des feuillages, j’attends, je rêve.

Tout à l’heure, les amis viendront, on allumera un feu et autour des braises on parlera un peu, beaucoup, de tout, d’idées, de projets, de bientôt, dans longtemps. Mais là, maintenant, rien ne presse.

Profite de la lumière, du bleu du ciel, du vert de l’herbe qui chatouille les pieds. Cette petite pause chatouille aussi les pensées, oublié le quotidien, les courses à faire, la réunion à préparer, le cadeau d’anniversaire à trouver… Tout à coup ressurgissent les rêves ébauchés, les envies étouffées. En rentrant, je m’y mettrai, en rentrant je prendrai plus le temps… ça y est je recommence à rêver de chimères. Chut ! Là, maintenant, rien ne presse.

Quelque chose me chatouille la jambe, une fourmi ? Beurk ! Une araignée… Bon, il est temps de se remuer avant d’être prise pour une racine. Un peu de bois pour le feu ? Allons-y ! Très bon prétexte pour continuer à divaguer, regarder les petites bêtes, qui déménagent, dérangés dans leur abri de brindilles, la colonie de cloportes qui galopent sous la souche que je soulève. Remuez-vous si ça vous chante, pour moi, rien ne presse.

Sur le flot du feu béni, on parle un peu.
De tout, de rien, d’espoir on parle beaucoup.
Des envies pour demain, du trajet qu’on prendra, on parle un peu.
Des idées pour bientôt, des projets entamés, on parle beaucoup.
Des rêves lointains, des chimères oubliées, on parle bas.
Et puis on prend confiance, on commence à y croire, on parle fort.
On s’échauffe, on s’enflamme, puis sur les braises luisantes, on n’parle plus.

Elodie


Texte 6 : Jennifer / Bourgeon


Au fur et à mesure que la lumière du jour baissait, une ambiance tout à fait particulière commençait à se faire sentir.

Je suis sortie dans le jardin pour voir plus grand le coucher de soleil qui éclairait l’horizon lointain d’une lueur à la fois rose et dorée, d’une intensité grandissante.

Un silence puissant régnait…suggérant une Présence.

Je ne pouvais que me tenir là, immobile, spectatrice d’un événement quasi-magnétique qui, je le savais, serait déterminant : un voile s’est déchiré, ma vie ne serait plus jamais pareille

Jennifer

 


 

Texte 7 : Monique/nature

Le jardinier

 

Nuque chauffée par le soleil, dos courbé vers la plate-bande du jardin, il est là, regardant je ne sais quoi, je ne sais qui, fixant quelque chose que je ne vois pas.

Il semble figé sur place.

Près de lui toute une panoplie d’outils jonche le sol de l’allée : un râteau, un chapeau, un sécateur, une bêche et quelques autres.

L’intention est clairement affichée, le vieil homme sorti enfin de sa léthargie et de  son antre est décidé à jardiner. L’astre royal lui a chatouillé les jambes, il s’est levé, s’est déplié quelque peu, a filé dans sa remise chercher tout son fourbi.

Il a trouvé l’énergie pour rassembler le tout, le porter dans le jardin. Et depuis, il est là regardant un point précis : un trou de taupe, un lombric, une chrysalide, une chenille ? Que sais-je ?

Sa peau ridée de mille plis ressemble à ces cuirs que les tanneurs assouplissent longuement pour en faire une pièce lisse, unique, destinée à la fabrication de sacs ou chaussures si agréables à porter.

Il a esquissé un geste de son pied droit, vrillant en un va et vient, sa chaussure sur la terre.

Peut-être a-t-il tué : la taupe, le lombric, la chrysalide, la chenille, ou cherche-t-il simplement à savoir comment la terre se présente en ce début d’avril ?

Le chant soudain du coucou retentit derrière lui, il se redresse lentement, tourne la tête vers le cri de l’oiseau, tâte ses poches. Il n’a pas de « tune » sur lui. L’année sera encore rude pense-t-il  en se retournant vers la terre.

Mimo

 


 

Michelle, on t’a donné le ciel, des iles et du soleil, les fées sur ton berceau t’ont accroché deux l, pour que tu voles plus haut. Elles n’ont pas été chiches, te dotant de longs cils aux portes de ton œil.
On t’a donné la terre, le sol et la mer, et le sel ; des fleurs et des abeilles pour t’offrir leur miel. Du soleil sur les blés pour bien les dorer, des silos pour les conserver, des boulangers pour façonner des miches, croûte dorée, mie à croquer.
 Des lis aux jardins pour ravir l’odorat et des lois à défier, des lettres à Elise en  symphonie, un bon Saint- Eloi pour te remettre les idées à l’endroit. Des amis pour ne pas te sentirisolée, de la soie pour te cocooner.
Ose le voyage, déplie tes ailes, telles des hélices. Envole toi, ne rêve pas ta vie, vis tes rêves. Le temps passe si vite au souffle des bougies, n’attends pas comme elle de vaciller.
Michèlle
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5 avril 2013 5 05 /04 /avril /2013 00:00

 

Manger, dévorer, gloutonner, s’empiffrer, s’en foutre plein la panse, en bonne compagnie

Rabelaisienne convaincue

Nathalie

Aujourd’hui à Jean Vilar en cuisine j’ai fait une sauce piquante.

J’ai mis beaucoup de poivre, du piment…beaucoup trop !

J’ai goûté ma sauce et je suis devenue

Toute rouge

Ecarlate

Comme une tomate !

Anne-Marie et Jocelyne


Un après-midi on a eu un atelier cuisine qui a fini en eau de boudin.

Avec des personnes on a eu du pain sur la planche

Et tout ça c’est terminé en mangeant à la fortune du pauvre

Pot !

Heidi 

Recette de l’amitié

Rassembler quelques amis

Ensemble dresser les fous rires et les blagues

Saupoudrer de sentiments et de sincérité

Pour qu’à la fin naisse une amitié

Rajouter quelques notes de musique

Taper sur un piano

Ça nous donne le tempo

Voilà une belle mélodie

Qui nous réchauffe les cœurs et nous sourit

Catherine

J’aime bien faire la vaisselle

J’aime bien la crème au chocolat

Je ne sais pas cuisiner

Mais je sais savourer !

Je ne me laisse quand même pas mourir de faim

Je sais quand même préparer des choses simples

Comme :

Des Œufs sur le plat

Et des Omelettes

Des Œufs à la coque

Mais pas les œufs mimosa que je mange au foyer Marguerite d’Anjou

 

Je sais cuisiner :

Des haricots blancs

Des haricots rouges

Des choux verts

Des choux blancs

Des choux rouges

Christian

Au milieu des fleurs, j’ai trouvé un chou-fleur

Avec les demoiselles j’ai ramassé des choux de Bruxelles

Le chou vert a roulé par terre jusqu’à…Nevers

Derrière les paravents j’ai trouvé les choux blancs…c’est géant !

Le chou chinois m’a laissé sans voix !

TOUS ENSEMBLE

Les radis ça craquotte !

Un chou c’est chou !

Stéphanie

Je suis rentrée trempée comme une soupe alors forcément

J’ai attrapé froid

J’ai maintenant des yeux de merlan frit

Mais comme j’ai fait une boulette en lui disant que je l’aiderais à préparer le repas

J’ai du pain sur la planche et si je ne veux pas qu’elle reste sur sa faim on mangera

A la fortune du pot même si c’est du réchauffé je ne veux pas que ça se finisse

En eau de boudin mais je crois bien que j’ai mangé mon pain blanc en premier

Sophie

Froncer les sourcils parce que je ne parviens pas à

Digérer ce qu’il m’a fait avaler et

C’est pas de la tarte !

Alice

Un matin au Centre Jean Vilar

On a préparé un repas qui s’est bien passé

Pourtant quand je suis arrivée je n’étais pas dans mon assiette

Mais je me suis retrouvée avec des gens sympas

Et déjà j’allais mieux

On s’est tous mis à l’œuvre et j’ai mis les bouchées doubles pour réussir le plat

J’étais fière de moi c’était du gratiné

Et j’ai d’abord dévoré des yeux le plat avant de le manger

Anne-Marie

J’attendais les filles pour cuisiner

Sophie mijotait un mauvais coup

Son air malin en disait trop

Mon inquiétude compatit pour du beurre

J’ai jamais compris le fin mot de l’histoire

Après son 3eme fou rire je me suis dit :

« ça y est les carottes sont cuites ! »

Nathalie pour Sophie

Cet après-midi, c’est l’anniversaire de Nathalie,

je voulais lui mijoter une surprise, mais mes amis avaient déjà tout prévu

Du coup j’ai vraiment eu l’impression de compter pour du beurre

Mais comme je pense que les carottes sont loin d’être cuites

Je vais leur mijoter un mauvais coup à ma façon

Sophie répond à Nathalie


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20 mars 2013 3 20 /03 /mars /2013 00:00

 

Graubuenden-Parc-national

 

Et si…

 

            Élise était lasse de formuler en tous sens cette lettre d’adieu sans parvenir à en écrire un seul mot. Tout en elle se bousculait. Elle balançait sans cesse entre colère et désespoir. Elle commençait à écrire, jetait sur le papier ce qui lui venait et se surprenait à supplier encore. Non ! Non ! Il était temps de se résoudre aux adieux ! À quoi bon aimer qui ne vous aimait plus ? D’un geste rageur, elle biffait, rayait, raturait ses quelques mots à grands coups de crayon noir.

            Elle aimait la tendresse de la mine grasse autant que la noirceur du trait qui, pour l’heure, lui convenait bien. Elle avait toujours prisé les crayons de bois. Crayons graphite ou de couleur, elle aimait les bouquets qu’ils composaient sur son bureau, raffolait de l’odeur discrète du bois qu’ils dégageaient quand elle les taillait. Même les petits copeaux de bois blond la fascinaient. Elle en aimait la fragilité, la finesse. Elle leur trouvait une certaine grâce lorsqu’ils s’échappaient du taille-crayon pour atterrir dans la coupelle bleutée qu’elle gardait à cet usage.

            Tandis qu’elle mâchouillait son crayon, perdue dans la contemplation de tout ce qui encombrait sa table de dessin, elle sentit qu’elle ne viendrait pas à bout de cette lettre. Elle n’était pas même capable d’aligner 3 lignes. Était-il bien raisonnable de vouloir s’obstiner ?

            Lasse et désemparée, elle laissa son regard s’évader par la fenêtre. Le jour allait bientôt se lever. Le soleil émergeant de la montagne étirait les dernières ombres bleutées de sa nuit sans sommeil. La journée promettait d’être belle.

            Elle se leva, s’étira, un peu frissonnante dans sa chemise de nuit légère, malgré le bon vieux pull et les grosses chaussettes qui lui tombaient sur les chevilles. Elle entrouvrit la porte pour accueillir les premières odeurs du matin. L’air pur et froid  était chargé du parfum des sapins coupés qui montait de la scierie en contrebas. Elle devinait non loin, la présence d’un troupeau de vaches qui cheminait vers de plus hauts pâturages. Elle entendait rouler les pierres que leurs sabots détachaient des flancs de la montagne. Le corps las et l’esprit fatigué de sa nuit sans sommeil, appuyée contre le chambranle de la porte, elle laissa ses pensées vagabonder. Dans la nuit, quelques meuglements doux et tranquilles rompaient le silence et ramenaient à sa mémoire des images presqu’oubliées.

            Lui revenaient les matins d’hiver quand, enfant, il lui fallait chercher le lait à la ferme du bas. Le bidon léger et glacé dansait au bout de son bras. Elle marchait vite, courrait presque et arrivait le nez et les joues rougies de froid. Elle goûtait avec délice au contraste de la chaleur de l’étable. Les odeurs entêtantes des bêtes, du foin, de la paille, se mêlaient à celle du lait encore chaud de la traite. Elle aimait la mousse qui se formait dans le transvasement du seau à son bidon. Mamée ne la laissait jamais repartir sans qu’elle eût bu une tasse de lait tiède.

            Elle prenait le chemin du retour, le pas alourdi par son petit fardeau. Elle devait souvent faire des poses pour libérer un instant son bras ankylosé. Elle s’arrêtait au beau milieu du chemin. Le moindre bruit la faisait tressaillir. Pour se rassurer, elle jouait à faire comme si. Comme si l’ombre là-bas, derrière le pin, était un magicien des bois et des forêts. Comme si cet animal invisible qui fuyait devait elle était un elfe surpris par le claquement métallique de son bidon de lait sur une pierre.

            Elle jouait à faire comme si. Et aujourd’hui, à l’aube de ce jour naissant, elle eut envie, une fois encore, de faire comme si. Beau jeu de l’enfance ! Faire comme si la vie commençait en ce jour.

            Sans prendre la peine de se laver, ni de se coiffer, elle enfila un jean, une paire de bottes, jeta sur ses épaules un vieux blouson qui trainait là et s’engouffra dans l’air vif du dehors. Elle emprunta le sentier qui montait en serpentant jusqu’à ce sommet sombre, couvert de sapins, que tous ici appelaient la Tête Noire. Elle marchait d’un pas alerte, pleine d’une belle énergie.

            Si elle parvenait au sommet avant que le soleil ne l’affleure, sa vie prendrait un nouveau cours… Si elle passait le torrent, de pierre en pierre, en cinq enjambées, et sans se mouiller, elle aimerait de nouveau, ailleurs…

 

 —ssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssss

 

            Il était bucheron de son état. Il travaillait pour le compte de la scierie en contrebas. Tous les jours il partait sur les sentiers, à travers champs, escaladait les monts, franchissait les ravins, les torrents bondissants à la recherche d’arbres parvenus à maturité. Il les marquait d’une croix, les localisait sur la carte, indiquant ainsi ceux qu’il faudrait abattre, plus tard, avec son équipe. Il aimait les arbres, les connaissait bien. Il était même devenu, au fil des années, expert en la matière. Certains coins de montagne ressemblaient à une jungle par manque d’entretien. Les arbres plantés trop près les uns des autres voyaient leurs branches s’imbriquer entre elles. Les branches basses qu’on n’avait pas pris la peine d’élaguer rendaient sa progression et ses repérages difficiles. Au cœur de ces parcelles touffues, il lui arrivait de déranger quelques gros gibiers. Il aimait surprendre la fuite bondissante des chevreuils. Plus d’une fois, il était tombé sur des hordes de sangliers. Quand il s’agissait de laies avec leurs marcassins, il valait mieux prendre ses jambes à son cou. Il se considérait comme chanceux et bienheureux de pouvoir gagner sa vie ainsi, dehors, au milieu de grandes étendues, au centre des vastes horizons que lui offraient ses chères montagnes.

            Il se nommait Hector, mais tous ceux qui le connaissaient l’appelaient Ali Baba. Parce qu’une fois ses journées au grand air achevées, il s’enfermait dans son atelier, son royaume – la caverne d’Ali Baba ironisaient les gens du village. Il y gardait de nombreux trésors glanés au cours de ses virées dans la montagne. Aiguilles et pommes de pins, morceaux de pierres ou de bois dont les formes lui racontaient une histoire. Mais aussi des objets insolites découverts au gré de ses détours. Il était toujours surpris de ce dont les gens osaient se débarrasser, sans vergogne, en pleine nature. Il avait ramené quantité de ferraille, ressorts de canapés éventrés jetés dans un fossé, vieilles chaises, casseroles, cocottes émaillées et cabossées, faïence, miroirs brisés, fer à cheval, cloches, pinces et tournevis rouillés, seaux de plastique cassés, bidons éclatés… Il gardait tout. Tout ce qui parlait à son imagination. À grand renfort de soudure, de colle, de vis, d’écrous, de coups de marteau, de scie, de râpe, il assemblait, tordait, transformait, détournait tous ces objets et peuplait ainsi son intérieur d’une multitude de personnages dont il était le créateur.

            Ceux qui s’inquiétaient de ce qu’il fabriquait dans son antre, qui pestaient contre le vacarme qui parfois s’en échappait, l’appelait le fada, le tordu, le fêlé.

            Ceux qui le connaissaient mieux et s’émouvaient de ses sculptures le regardaient comme un doux rêveur, poète et artiste tout à la fois.

            Ce matin-là, il se leva particulièrement tôt. Il était inquiet. Il voulait, sans plus attendre, vérifier si son entreprise de la veille avait tenu bon. Il avait décidé, dans l’idée de désengorger son atelier, de peupler peu à peu les montagnes de ses créatures.  Son funambule avait été le premier à  être exposé ainsi à l’air libre.

            Il l’avait suspendu à un câble qu’il avait laborieusement tendu dans la montagne. La moindre brise faisait tournoyer l’hélice qui, par un jeu savant d’engrenages, entrainait l’aérienne sculpture dans une déambulation de part et d’autre d’un torrent. Le vent avait soufflé, sifflé toute la nuit. Inquiet, incapable de dormir, il avait attendu que le bleu sombre de la nuit commence à changer de teinte.

            5 heures ! Fichtre ! Il détestait l’idée de démarrer sa journée sans prendre le temps de manger. Le petit-déjeuner était un des instants qu’il préférait. Commencer la journée en douceur, prendre le temps, savourer un peu de lenteur… Tout cela lui était nécessaire. Mais tant pis ! La priorité ce matin-là était ailleurs.

            On devinait le soleil dans la lumière encore tamisée qui auréolait le sommet de la tête noire quand il se mit en route.


 —ssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssss


            Elle avançait d’un bon pas. Cette marche vive lui faisait le plus grand bien. À chaque pas nouveau, sa lassitude s’amenuisait. À chaque enjambée, sa colère s’envolait. L’air vif, presque piquant, lui insufflait une nouvelle énergie. Elle connaissait le chemin par cœur. Il ne se passait pas une semaine sans qu’elle fit cette balade. Son chalet de bois derrière elle, elle s’engageait dans un sentier pierreux qui courrait au flanc de la montagne, en pente douce. Une fois passée la vieille ferme abandonnée, le chemin descendait brusquement au fond d’un petit vallon avant de remonter en pente raide à travers bois. Elle aimait ce passage au milieu de la forêt. À l’automne tout particulièrement, elle s’enivrait des senteurs mélangées du bois humide, des feuilles en décomposition, de la mousse, des champignons. L’eau était présente partout. En gouttelettes qui roulaient sur les feuilles luisantes avant de tomber plic ploc, plic ploc, dans le cou… L’eau, en ruisselets chantant qui sinuaient imprévisibles depuis le sommet et formaient des rigoles qu’il fallait enjamber tout au long du chemin… L’eau grondante mais invisible du torrent qui bondissait en contrebas. Élise toujours accélérait le pas, dans son impatience grandissante de l’atteindre. Elle aimait cette façon qu’avait la forêt de faire monter le désir. La forêt cachait, tout en dévoilant, à mesure qu’on avançait, à mesure qu’on grimpait. Une fois arrivée, elle restait un instant assise, reprenait son souffle, fermait les yeux et se laissait avec ravissement submerger par le grondement de l’eau.

            Ce matin-là, quand elle émergea de la forêt le ciel était devenu clair. Une fois le torrent franchi, il lui faudrait monter plus haut, plus raide, à travers les pâturages. Il y avait peu de chance qu’elle parvienne au sommet de la Tête Noire avant que le soleil n’apparaisse ! Elle prit cependant le temps de choisir les pierres qui lui permettrait en 5 enjambées de franchir l’eau tumultueuse sans se mouiller. Savait-on jamais ? Si un nouvel amour était à ce prix, ce serait trop bête de négliger l’épreuve.

            La première pierre était parfaite. Plate et stable. Ce fut un jeu d’enfant de l’atteindre. La seconde, quoique de taille importante était cernée par l’eau bondissante qui menaçait de l’asperger. Il faudrait donc sauter précipitamment sur la troisième pierre. Élise s’élança. Elle dut attendre que son cœur battant s’apaise avant de songer à gagner la 4ème pierre. Alors qu’elle tendait la jambe au-dessus des tourbillons, du coin de l’œil, en hauteur, un mouvement la surprit et la stoppa net dans son geste. Un drôle de personnage était suspendu la tête en bas accroché à un filin. Il semblait bien mal en point et totalement insolite en ce lieu.

            Dans sa stupeur, Élise, les yeux tournés vers le ciel, en oublia où elle se trouvait et posa le pied… dans l’eau !

            Perdant l’équilibre, les bras battant l’air désespérément, elle ne put éviter la chute et s’effondra de tout son long dans l’eau glacé. Alors qu’elle lâchait avec vigueur un juron rageur, elle entendit, lui parvenant du versant opposé, le bruit d’une cavalcade au milieu des cailloux qui roulaient dans la pente. Elle se tut soudainement.

 

            Loin au-dessus de l’eau bouillonnante, dans le silence que seuls rompaient les cris perçants d’une buse volant haut dans le ciel, immobile au milieu du chemin, le cœur battant d’appréhension Hector osa un « hé ho ! Y a quelqu’un ? Tout va bien ? Hé ho ! ».


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20 mars 2013 3 20 /03 /mars /2013 00:00

La galerie                                                                                                  

La lumière pénètre  à flots dans la galerie des artistes,  coincée entre quai et plage dans cette typique bourgade de la côte bretonne. Le soleil puissant en ce début d’après midi de juin s’est autorisé à envahir le lieu, pénétrant largement par le toit composé de grandes verrières et de vitraux colorés. Les bleus dominent dans cet arc-en-ciel composite et teintent le hall d’accueil, donnant un relief particulier aux statuettes de l’entrée. Il se dégage d’emblée une atmosphère un peu irréelle comme empruntée à une légende ou un conte mystérieux. Les visiteurs impressionnés ralentissent immédiatement le pas, faisant le moins de bruit possible avec leurs chaussures d’été. Les voix se font chuchotements, chacun s’abîmant dans la contemplation des oeuvres dans une sorte d’étonnement, de surprise créée par l’éclairage insolite du lieu. Les jeux d’ombres et de lumières amplifient et modifient les silhouettes exposées.

Nathalie, en habituée des salons découvre cette galerie pour la première fois, elle est étonnée, conquise par ces éclairages étranges et compte bien profiter pleinement de cette exposition qui semble sortir des sentiers battus. Le premier hall étant bleuté la jeune femme a hâte de vérifier si les autres pièces sont, elles aussi colorées, et de quelles manières. Ayant omis de prendre le plan de l’ensemble de la galerie à l’entrée, elle demande à la gardienne des lieux de combien de salles se compose le bâtiment où se trouve l’exposition réservée aux artistes autodidactes régionaux.

« Il y a six salles, indique-t-elle aimablement. Elles sont identifiées par des flèches de différentes couleurs, précise-t-elle gentiment, lui tendant le plan de la galerie. Vous êtes ici, pointant  le schéma sur : salle « azur » et elle s’éloigne doucement pour accueillir un groupe d’adolescents qui chahute gaiement en s’interpellant devant les statues de bronze. Le  badge aperçu sur sa tunique indique un prénom : Sophie.

La jeune femme se plonge dans le prospectus pour comprendre  la répartition des salles. L’ensemble forme une grande étoile à six branches dont le patio servant d’accueil délimite une sorte d’hexagone. L’entrée a piqué la curiosité de Nathalie, elle se dirige vers la flèche jaune pour commencer. Une lumière vive l’oblige à s’arrêter quelques instants sur le seuil. Un éblouissement tombe de la verrière, éclaboussant les murs d’un ocre chaud, et rend difficile dans un premier temps la découverte de ce qui est présenté. La femme qui a fait un pas en arrière sous  l’éclat solaire, a porté la main à ses yeux dans un geste de protection,  laissant échapper un « oh » de surprise voire de douleur. Les ors flamboient sous le soleil généreux. Ce sont des bijoux, reposant sur des présentoirs recouverts  de satin noir. C’est magique. Un banc posé contre le mur latéral de la pièce invite à s’asseoir. Ce que fait Nathalie pour profiter d’une vue d’ensemble et se couler dans ce bain  scintillant. Les particules de poussière en suspension dans l’air sont dorées telles de minuscules étoiles filantes. Instant de bonheur que la femme prolonge. Peu importe les bijoux exposés. Il règne une  chaleur engourdissante. Une douce léthargie la gagne peu à peu, elle finit par s’assoupir tout à fait. Quelqu’un lui secoue l’épaule :

« Madame, madame, attention, vous allez tomber… » Suivi d’une galopade et de rires moqueurs.

Elle se réveille laborieusement pour apercevoir quelques ados joyeux quitter la salle. Consultant sa montre, elle s’avise qu’il est quinze heures trente-cinq, elle n’a vu que deux salles. Se faisant violence, elle se lève pour poursuivre la découverte des lieux et les agencements proposés. La salle noire, est fermée à la visite pour une raison obscure. Elle en est un peu soulagée, car sortir d’un tel éblouissement  pour plonger dans l’obscurité supposée, doit être une transition difficile. Elle déplore juste un peu de ne pas voir le côté insolite d’une salle dite « noire ». Elle sait qu’elle ne reviendra pas, et que l’exposition est éphémère. La pièce était-elle destinée à la magie,  aux sciences occultes ? Sa question restera sans réponse, elle en sourit intérieurement. Elle suit la flèche rouge. Un tapis de même couleur serpente sur le carrelage indiquant le sens de la visite. Les bruits comme avalés par le revêtement posé au sol, sont ouatés. Les visiteurs devenus plus nombreux circulent autour d’elle, l’empêchant de goûter sereinement et à son rythme l’exposition de cette salle. Ici, sont présentées uniquement des sanguines sous forme de gravures,  peintures, tableaux, sculptures. Les murs latéraux de la pièce composés de vitres rouges accentuent les couleurs des oeuvres. Un sentiment étrange envahit Nathalie, une impression lourde, comme une menace en suspens. Est-ce seulement son ressenti ? Les visiteurs ne s’attardent guère dans ce lieu comme si l’exposition  présentait  peu d’intérêt. La jeune femme adore les sanguines. Elle décide de prendre le temps et s’approche de chaque tableau. Une odeur particulière, un peu écoeurante qu’elle n’arrive pas à identifier, flotte dans l’air. Elle se retrouve bientôt seule dans la pièce.

C’est alors, que son pied droit chaussé de nus pieds fins rencontre un obstacle. Quelque chose de mou bute contre ses orteils. Un frisson la parcourt. Elle se penche sur sa chaussure et voit un bras étendu sur le sol, inerte, un bras d’enfant. Elle pousse un hurlement de surprise et s’effondre tombant lourdement sur le tapis rouge qui amortit mal sa chute. Son cri a retenti lugubrement sous la verrière. Des pas précipités se font entendre. La gardienne rencontrée à l’entrée se précipite auprès d’elle. Nathalie est évanouie,  elle a heurté dans sa chute la stèle d’une figurine magnifique : un  nu de femme. Elle s’est blessée à la tête, un petit filet de sang coule dans ses cheveux,  qu’elle a décidé  depuis une dizaine d’années de teindre en roux. Sa peau brune, ses yeux verts légèrement tirés en amande, son front haut et dégagé, lui permettent cette fantaisie parfois difficile à porter. Elle avait presque fait une sorte de  pari avec ses amis un soir de grandes discussions sur la séduction,  jetant  à ce moment là l’idée de se teindre en rousse tel un défi. Tout le monde avait dit : Chiche ! Son compagnon très épris, et  admiratif  lui avait même murmuré amoureusement à l’oreille : « je suis sûr que ça t’ira très bien » Elle l’avait fait voilà près de dix ans. C’est vrai que sa beauté avait quelque chose de particulier, son allure altière, sa silhouette longue et sportive la distinguait dans les rues. Ses cheveux qu’elle portait à hauteur d’épaules étaient savamment mis en scène, une sorte de sculpture aux allures négligées, qui nécessitait des brushings fréquents, pour laisser cette impression  de liberté sauvage.  Sa démarche aux foulées longues et souples laissait supposer un entretien attentionné du corps  ou une pratique sportive régulière. Sa nouvelle couleur de cheveux avait accentué cette impression à la grande joie de Josse son compagnon qui n’était pas peu fier de sortir avec une femme qu’il trouvait magnifique. Il se moquait totalement d’être objectif ou non. Elle avait passé la quarantaine, mais les pattes d’oie, rides ou autres outrages du temps n’avaient pas encore altéré sa peau lisse de brune. Seule une ride verticale près du sourcil droit,  laissait supposer une contrariété ou une obsession possible. Sa vie était simple, un peu réglée comme du papier à musique et se répartissait harmonieusement entre son travail, qui la barbait parfois comme elle le disait de plus en plus souvent, et ses loisirs, avec ou sans son amoureux. Son caractère indépendant ne lui interdisant ni de s’échapper, ni de faire des sorties, seule ou avec quelques amies.

Josse l’avait tout de suite compris, dès leur première rencontre. Il était respectueux de ses choix et composait avec les idées et envies parfois atypiques de sa compagne.  Il était amoureux, le reste n’était que le reste. Après les escapades de sa belle rousse, ils étaient heureux de se retrouver pour se raconter leur vie passée loin l’un de l’autre. Là était le principal. De toute façon la charge de travail de Josse l’obligeait  souvent à des déplacements ou des rentrées tardives. Il ne pouvait pas imposer ces attentes infernales à sa femme, sa lionne comme il l’appelait tendrement en privé. Lui qui se rendait souvent dans les pays de l’Est,  pour son travail,  adorait le prénom de sa compagne, Nathalie. Il fredonnait la chanson mythique de la place rouge et de son guide… Sa Nathalie à lui avait les cheveux roux. Depuis combien de temps vivaient ils ensemble ? Quinze ans ! Quinze ans de bonheur, quinze ans d’amour, quinze ans de partage fait de séparations et de retrouvailles joyeuses. La seule ombre, le seul grain de sable dans leur relation harmonieuse était le refus de sa femme d’accepter de faire un enfant. Il avait fait de multiples tentatives pour convaincre Nathalie, revenant parfois à la charge. Elle était demeurée inflexible ; Josse n’avait jamais vraiment compris la nature réelle  de ce refus. Fallait-il chercher dans son histoire de famille nombreuse,  et son enfance remplie de  violence,  une des raisons de cette intransigeance ?Voulait-elle conserver la maîtrise de ce corps gracieux ? Maintenant il le savait, l’horloge biologique était passée.Rien n’est totalement parfait, pensait-il parfois, un peu amèrement,  dans ses soirées solitaires, loin de sa femme chérie.

 Mais pour l’instant Nathalie, légèrement blessée au cuir chevelu est étendue sur le sol de la galerie. Elle ne reprend pas connaissance rapidement et pousse une sorte de gémissement inquiétant. La responsable du site penchée au-dessus d’elle vient seulement d’apercevoir ce bras d’enfant gisant aux pieds de la femme. Elle se redresse de saisissement,  regarde ce membre posé près de la tête de la visiteuse évanouie. C’est un bras  qui dépasse du socle de la statuette. En vérifiant d’un coup d’œil elle aperçoit le corps de l’enfant adossé de travers, derrière le support. Devant l’urgence qu’elle perçoit de cette situation inédite, complètement incroyable, elle saisit son téléphone portable  appelle les services d’urgence ainsi que son référent hiérarchique à la mairie. Elle décrit la scène brièvement comme elle peut, et demande du secours immédiat aux uns et aux autres. Puis se penche à nouveau, ne sachant vers lequel des deux corps ses soins doivent se porter. Elle sent perler une sueur froide sur son front, n’ose plus, subitement toucher à qui que ce soit, son cœur bat la chamade. Milles questions lui viennent à l’esprit : la femme et l’enfant sont-ils ensemble ? Pourquoi l’enfant est-il couché derrière la stèle, quel âge peut-il avoir ? Dix  ans ? Plus ? Qu’est-il arrivé à cette femme ? Elle n’a pas le temps de ressasser longtemps  les questions puisque la femme se réveille et lui demande dans un balbutiement : où suis-je ? Qu’est ce qui se passe ?

La gardienne l’aide à s’asseoir lentement et lui répond  à minima,  lui indiquant qu’elle est dans une galerie. Elle veut lui poser à son tour une question par rapport à l’enfant, mais la jeune femme aperçoit à l’instant le bras et se met à pâlir dangereusement.

« C’est votre enfant ? demande la gardienne qui a suivi le regard »

« Non, non, gémit-elle portant les mains à son front où la sueur s’est mise à ruisseler.

Brutalement, des sirènes se font entendre dans le lointain.

Sophie, dit à la femme allongée :

« Les secours arrivent »

A ces mots, Nathalie semble s’éveiller tout à fait. Elle se redresse,  veut se lever impérativement.

« Ne bougez surtout pas ! »  Lui redit Sophie.

Les sirènes se sont tues brutalement, des portes claquent, des bruits de pas, de voix résonnent dans l’entrée. Sophie abandonne Nathalie, court au devant des secours. Quatre pompiers sont là, accompagnés du chargé des affaires culturelles de la mairie, Monsieur Figuret. Ils ont fait vite. Sophie les précède,  et montre le chemin, tout en décrivant les choses d’une voix saccadée. En six secondes,  deux sont aux pieds de Nathalie, qui en a profité pour se remettre debout. Ils  la font rasseoir immédiatement sur le sol, regardant sa tempe blessée pendant que les deux autres contournent la statuette pour prendre en charge l’enfant inanimé. Celui-ci porte un foulard serré autour de cou, le pompier comprend instantanément, et peste malgré lui à voix haute:

« Encore ce jeu imbécile, ils commencent de plus en plus jeunes ma parole ! » Il desserre le nœud avec précaution vérifiant si l’enfant respire toujours.

Puis il gueule : « oxygène »!

Le ballet se met en place, réglé comme une chorégraphie millimétrée, maintes fois répétée. L’enfant a été allongé sur la civière, pris en charge avec une dextérité, une rapidité, un savoir-faire très professionnel. Sophie, est placée près de Nathalie que le pompier questionne à mi-voix, tout en soignant la zébrure de sa tempe. Elle n’entend que des bouts de phrase, ne comprend toujours pas ce qu’il s’est passé. Le chargé des affaires culturelles resté près de l’employée de la galerie, s’est mis à lui poser une batterie de questions auxquelles elle n’arrive pas à prêter attention. Il y a pour elle, pour la première fois de sa carrière, deux blessés dans sa galerie. Cela dépasse son entendement. Nathalie a repris un peu de couleur, l’enfant blessé, sous les mains expertes des pompiers s’est mis à respirer lentement, calmement sous le masque à oxygène. Monsieur Figuret  s’approche des pompiers qui soignent l’enfant, toujours couché sur la civière ; Il entend alors l’un d’eux dire d’une voix bourrue, remplie de colère :

« C’est le quatrième cas depuis le début de l’année.Va falloir arrêter ce jeu à la con. Un jour on arrivera trop tard »

Nathalie qui a entendu le pompier demande à celui qui est à ses côtés :

« De quel jeu parle-t-il ? »

« Le jeu du foulard » et il se tait.

Nathalie a compris, elle a entendu parler de cette mode qui a saisi les jeunes en quête de sensations fortes.

« Mais ! Pourquoi veulent-ils mourir » murmure-t-elle.

« Ah ! Mais ils ne veulent pas mourir, lui répond le pompier. Ils jouent à se faire peur, à se mettre en danger, à pousser les limites !  Sauf qu’il y en a qui en meurent !».

Nathalie très pâle à nouveau, veut partir, veut rentrer chez elle, veut retrouver Josse, tout de suite, là maintenant, se lover dans ses bras. Pourquoi n’est-il pas là, avec elle. Elle est prête à pleurer. Elle cherche son portable.

« Vous voulez appeler quelqu’un » lui demande le pompier qui a suivi son geste.

« Oui, oui, dit-elle dans un souffle tout juste audible, mon mari, mon ami, mon compagnon »

Elle l’obtient immédiatement en ligne.

« Josse ! Josse ! Viens me chercher j’ai besoin de toi, viens vite ! S’il te plait !»

 Josse à l’autre bout du fil,  estomaqué, n’en revient pas, il entend la prière de sa belle, et les sanglots étouffés. Que se passe-t-il ? C’est la première fois que Nathalie l’appelle ainsi, le supplie d’une manière inédite, presque tragique. Alors, sans plus attendre, il se fait murmure au téléphone, lui pose quelques questions pour comprendre un peu, lui assure qu’il va venir, tout de suite. Il y a une heure de route pour la rejoindre. Il lui jure qu’il va tout laisser, maintenant, oui, oui il arrive, oui,  oui il l’aime. Il la berce telle une enfant, de sa voix douce et chaude, il la rassure, lui murmure des mots d’amour, quand dans sa tête à lui,  tourbillonnent cent mille questions, et que son cœur s’est mis à cogner violemment dans sa poitrine.

Que s’est-il passé pour que sa belle sauvage, sa lionne adorée s’écroule totalement chavirée ?

 

Mimo  2013
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15 février 2013 5 15 /02 /février /2013 00:00

                        L’ONCLE EDOUARD.

 

Ce matin, c’est elle qui a trouvé le chien mort. Cela devait arriver, elle le savait. Elle entendait la voix de son oncle Édouard, il  le lui avait prédit ou plus exactement, n’arrêtait pas de récriminer, avec de grands gestes balayant l’horizon, doigt pointé, accusateur,  l’autre côté de la barrière.

            « Ça va finir par arriver ! » répétait-il à longueur de journée. Il s’étonnait, lui qui était là bien avant le camping, la crêperie et le mini-golf, qu’on ait laissé s’installer là, cette trilogie commerciale-touristique si près de la route. « La route bleue, Bon Dieu ! – Si ce n’est qu’un chien ou un chat, on ne sera pas trop malheureux ! »

            Au début, au temps des fermes voisines et des champs ventrus, il n’y avait guère de circulation sur cette petite route, puis ce fut très vite la folie, sans que l’on n’y prenne garde. La route fut élargie. Quatre voies. Un beau ruban bleu tout neuf où chacun se grisait de la vitesse rendue possible, destination « Vacances bord de mer ». Les gens de la ville s’y ruaient, glissaient dessus, dès Pâques. Camping des écureuils, à deux pas de la plage. C’est alors que les tracteurs  avaient été nommés véhicules lents et sommés d’emprunter une voie créée spécialement pour eux. Quand celui de l’oncle, roulant au pas, s’était trouvé pris en sandwich entre deux voitures tractant caravanes flambant neuves, cela lui avait fait un drôle d’effet à l’oncle, d’aller au champ ainsi ! Au début de la nouvelle voie, tout était lent, il y avait peu d’automobiles sur la route et celles qui l’empruntaient étaient plutôt poussives. C’étaient celles des agriculteurs à qui on avait coupé les champs en deux pour y faire passer la grand-route. Il arrivait aussi que les chiens flânent aux abords, mais si peu. En ce temps-là, les chiens étaient chiens de garde, de la maison ou du troupeau.

            Aujourd’hui, lorsque l’oncle repère un chien errant, il s’écrie : « Les voitures sont devenues folles et les chiens libres, un comble ! Évidemment quand ils vont se rencontrer ces deux-là, ça fera mal ! Mais si c’est un gamin … ». L’homme ne terminait jamais sa phrase sans poser un lourd silence, si chargé que personne n’y était jamais entré, personne n’avait osé s’y aventurer, s’y retourner, chercher, fouiller. Tous attendaient, respectaient, inquiets. « Nous n’aurons plus que nos yeux pour pleurer » continuait-il alors. Ça le mettait hors de lui ce risque pris pour la vie des autres, et tout ça pour les bagnoles ! Lui, n’avait que son tracteur et son vélo, et c’était bien suffisant !

            L’oncle Édouard connaissait la douleur de la perte de l’enfant, l’unique de surcroit. Une pauvre enfant morte de mort naturelle, ce qui n’était déjà pas très naturel. La petite avait eu les bronches encombrées. Dans chaque alvéole s’était lové un germe meurtrier et lui, Édouard, avait été tenté de cesser de respirer, pour faire comme elle. Mais c’était sans compter sur Juliette, l’enfant de son frère, née deux mois et trois jours exactement après l’enterrement de son trésor.

            C’est ce jour qu’Édouard devint Oncle Édouard. Le père était mort de chagrin et de douleur, l’oncle tentait de vivre. Mais chaque mort d’enfant lui devint insupportable même à des milliers de kilomètres à la ronde. À chaque fois, son cataclysme ressurgissait avec de plus en plus de violence. Il empilait les morts d’enfants, aucune ne venait chasser l’autre. Celles du lointain, dans le temps ou dans les distances géographiques gardaient intactes la force de la souffrance. L’oncle Edouard était éponge vivant les drames des journaux télévisés, des journaux nationaux et des feuilles de choux. Heureusement, plus le territoire se resserrait autour de lui, plus les morts étaient rares. Cela donnait du souffle à l’oncle Édouard.


Tonton Édouard, qu’as-tu fait du chien ?

Près du poirier.

            Juliette avait signalé le chien trouvé. Oncle Édouard l’avait enterré et s’était tu.

            Pourtant Juliette savait. Savait qu’à chaque vie arrêtée, l’oncle Édouard replongeait. Il aurait eu à dire les cris insoutenables, les siens, les jours et les heures qui perdent leur rythme,  la presque folie de la souffrance permanente. Juliette savait que même la mouche écrasée d’un revers de casquette, le ramenait à cette fin de vie. Juliette née à quelques encablures de la mort de Cassandre, savait.

 

Il était lourd Tonton, le chien ?

Trop pour un cœur comme le nôtre, ma petite Juliette, trop.

 

            Juliette revisitait ce début de journée, les rayons du soleil levant, les cris des mouettes dans l’air marin, le grillage du poulailler, l’enclos de la bergerie, l’échelle dans le verger et l’oncle devant, l’oncle Édouard à peine réveillé, les yeux encore bouffis, leurs premiers mots échangés.


Bonjour Oncle Édouard, tu as  fait de beaux rêves ?

Oui, mais de ceux qui refont le monde et qui fatiguent, qui fatiguent.


            Après un baiser sur sa joue, elle était repartie guillerette sautillant dans le jardin. Elle était là en vacances, sautait souvent à cloche-pied, heureuse d’être dans cette campagne jolie et besogneuse, tout près de la mer. Elle adorait venir ici. Ce qu’elle préférait c’était épier son oncle. Il passait son temps à regarder on ne sait quoi, souvent accroupi à scruter la terre ou au contraire le nez en l’air à observer les ramages ou les plumages. Pris en flagrant délit il reprenait sa pioche, sa bêche, sa sulfateuse ou sa marche. Ici la terre étaitfaite pour être travaillée, pas regardée. L’oncle Édouard aimait la présence-prétexte de l’enfant. J’lui apprends ! Juliette avait très vite repéré le manège de l’oncle : se servir d’elle pour échapper au labeur, pour trouver un peu de poésie, mais surtout, et c’est son cœur d’enfant qui l’avait tout de suite su, pour retrouver la vraie Vie. Celle du hanneton, de la pousse de haricot, du papillon et même du puceron. « Regarde cette petite bête, ma Juliette, regarde ! Tu as vu comme elle est laide, toute noire avec ses picots préhistoriques ?  Eh bien, elle va devenir un insecte que tu adores : une coccinelle ! Oui oui, une coccinelle si belle. Tu vois comme la vie est surprenante ! Impossible qu’elle s’arrête, tout continue, quelque part ailleurs, autrement. Sûrement … » Quand il parlait ainsi, aux autres, aux adultes, ceux-ci le rabrouaient, haussaient les épaules ou, pire, ne lui laissaient même pas terminer sa phrase.  L’oncle Édouard aimait parler à l’enfant.

            Dans la matinée, ils étaient partis là-bas, près de la route bleue, l’oncle y avait encore un champ et ils allaient y ramasser les pommes de terre. Y avait là d’autres oncles et tantes, d’autres cousins cousines. Deux ou trois par rangs. La terre avait été fendue  par le tracteur et les pommes de terre apparaissaient avec leur peau toute fine. Toute fragile avait dit l’oncle. « Tu vois Juliette, comme elles sont douces ? »  Il s’était accroupi et avait posé délicatement, dans la paume de l’enfant, la pomme de terre toute neuve. « Regarde là, les toutes petites, on dirait des toutes petites balles, des bébés pomme de terre, elles n’ont pas eu le temps de grandir, mais elles sont toutes mignonnes, tu ne trouves pas ? Tu pourras les prendre pour ta dînette. Tiens vas chercher le seau qui est tout seul, le long de la haie. » Juliette avait couru, l’oncle était tranquille, il savait la haie d’aubépine doublée de barbelés, pas moyen de glisser vers la route meurtrière. Juliette avait vu, par une faible trouée, le chien, un gros chien allongé qui avait l’air de dormir, presque. Juliette savait qu’il ne dormait pas vraiment.  

            Quand elle revint vers son oncle, elle ne dit rien, l’oncle Joseph était à ses côtés. Juliette ne voulait pas de témoin lorsque son oncle Édouard, pâlirait, tremblerait. Elle le lui avait dit bien plus tard. Après le repas du midi. Il était parti, seul. Elle ne l’avait pas suivi.

            Sous le poirier, un carré de terre, fraîchement retourné, entouré de rondins de bois.  L’oncle avait coupé, dans le jardin de Marguerite sa femme,  un bouquet de dahlias et de glaïeuls. Plus tard il sèmerait, planterait. Le carré sous le poirier deviendra jardin foisonnant, carré magique, plein de vie. Impossible qu’elle s’arrête, la Vie, tout continue, quelque part ailleurs, autrement. Sûrement …

 

Clodine Bonnet

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15 février 2013 5 15 /02 /février /2013 00:00

 

Ange


         Ses grands-parents vivaient en haut d'un immeuble.

      L'hiver, plongée dans le gris, sous la pluie, c'était dans l'appartement tout en haut que la famille se réunissait. Sans espoir de soleil, il offrait l'avantage de laisser apercevoir les carrés et les rectangles nuageux que le ciel glissait entre les carrés et les rectangles de béton. Sa grand-mère était fière d'accueillir et comme elle le répétait à tous : "Ici, il y a au moins la vue". 
        Sur le palier de leur étage, le dernier, chaque porte avait son paillasson. Il se souvient parfaitement de chacun d'eux. Ils étaient très peu utilisés et aucun voisin n'avait jamais changé le sien. Avant d'arriver là-haut, on avait largement le temps de s'essuyer les pieds sur le sol de l'ascenseur. Et quand l'ascenseur était en panne, sur chaque marche de chaque étage. Un des paillassons était d'ailleurs décoré d'un grand point d'exclamation, motif beige immaculé sur fond marron foncé.


       Il adorait venir ici. A chaque fois, il prenait le temps de poser ses pieds d'enfant sur le paillasson de ses grands-parents. Très exactement sur les deux grands pieds aux cinq orteils bien dessinés. Il collait ses talons sur les autres talons et il s'étirait dans ses souliers mais jamais aucun de ses pieds ne couvrait le motif. Parfois, il ôtait ses chaussures. Il collait ses doigts de pied sur les autres doigts de pied mais les talons étaient alors trop éloignés. Ses parents et ses frères le contournaient pour entrer. Quand son jeu durait trop longtemps, il y avait toujours le bras d'un de ses frères pour le tirer à l'intérieur et pour grogner : "Entre, toi !".
        Le repas était déjà prêt. Il pouvait durer longtemps mais il n'y faisait pas vraiment attention. Il attendait le moment où son grand-père irait s'asseoir au bout du canapé et où il irait se blottir tout contre lui. Dès les premiers mots du vieil homme, il se laissait happer par la voix et par l'histoire…

        C'était une histoire qu'il connaissait par coeur, tout comme ses frères et comme sa mère et son père. Mais à la différence d'eux, lui l'écoutait toujours avec les yeux pétillants, avec la bouche ouverte, avec les oreilles avides de mots, avec l'âme assoiffée d'images d'océans, de requins, de vent et de liberté. Les autres s'éloignaient avec des soupirs de plus en plus appuyés au fil des ans. Ils n'avaient eux que peu d'endroits pour s'échapper. L'appartement n'était pas grand. Ils devaient allumer la télé ou écouter de la musique dans la chambre, il ne se rappelle pas bien. Et puis dans l'insouciance de l'enfance, il ne voyait, n'entendait et ne vivait cet instant-là que pour son grand-père.

          Cependant, au-delà de tout cela, au-delà de l'histoire, de la voix et des images fantastiques, c'était une chose, un détail qui le laissait coller au vieil homme.
       Il manquait à son grand-père un doigt de pied à droite, au milieu. Cette chose manquante, ce trou au milieu du pied le fascinait et le remplissait d'effroi et de rire contenu.
       Et il arrivait parfois que ce doigt de pied manquant, ce vide, ce bout du vieux laissé àun endroit inconnu et inaccessible de la planète fasse son apparition en chair et en os sous les yeux exorbités du petit garçon.
       Il se souvient que ce n'était jamais dans l'appartement que l'apparition avait lieu. Non, ces jours-là le pied restait couvert et l'histoire, la voix et les images lui suffisaient.

 

       Mais aux beaux jours, l'été, les repas se déroulaient dans la maison de ses parents. Les oncles, les tantes, les cousins, les cousines venaient prendre l'air chaud et s'allonger sur l'herbe verte de l'unique maison de la famille. Les grands-parents venaient aussi. C'était là, dans le jardin de ses parents, qu'il guettait l'apparition.
     Il était impatient de voir son grand-père. Il s'occupait de lui avec assiduité. La famille s'extasiait. Quel ange quand même ! Quel adorable garçon, malgré tout !
         Il supportait ces qualificatifs car en réalité, il guettait.
        Il fallait qu'il fasse chaud, très chaud. Il se souvient aujourd'hui encore de journées caniculaires durant lesquelles adultes et enfants, torses et pieds nus, cherchaient un peu de fraicheur au fond du jardin sans que le vieux lui ne dénude quoique ce soit.
         Mais il se souvient encore mieux de repas trop immobiles où son grand-père, s'oubliant sans doute ces fois-là, laissait sous la table ses sandales à lanières et ses chaussettes, et allait pieds nus fouler l'herbe fraiche. Il lui prenait alors la main et l'accompagnait dans sa déambulation digestive. Le vieil homme était le plus souvent silencieux dans ces moments-là. Lui, il ne quittait pas l'herbe des yeux. La pelouse s'aplatissait sous chaque pas de l'aîné mais une fois sur deux, à droite, au milieu de l'empreinte allant du talon au gros orteil, pointait une touffe d'herbe droite et indocile.

       Il est grand aujourd'hui. Son grand-père est mort l'année dernière. Il n'est plus que cendre dans une urne cachée derrière une plaque de faux marbre. L'idée de ce corps tout mélangé, tout unifié en une seule masse poussiéreuse l'a tracassé pendant des mois. Il ne peut plus y avoir, désormais, de place manquante dans le corps du vieil homme.

         Il est grand, alors il y a quelques heures, après avoir embrassé sa mère au pied de l'autobus, il a pour la première fois ignoré l'arrêt où il descend chaque jour. Il a pris seul le chemin de l'océan.
         Il sait que ses pieds robustes peuvent l'y emmener. Ceux de son grand-père ont traversé un désert brûlant, sans piste, où seuls quelques mirages, quelques étoiles, quelques serpents et scorpions magiciens lui ont montré, d'oasis en oasis, la direction à suivre. Ses pieds à lui n'auront qu'à suivre les routes d'asphalte chaud. Les panneaux qu'il lisait avec une lente application dans la voiture de ses parents remplaceront les étoiles. Il a écrit le nom de chaque ville à traverser, soir après soir, carte après carte. Sa mère l'a félicité, tout est bon. Il sait qu'il ne se perdra pas.
        Son corps robuste d'adulte peut l'y emmener. Comme le corps de son grand-père, face à la mer, lorsqu'il s'est jeté à l'assaut des vagues pour nager vers l'autre rive, inconnue, invisible mais pourtant bien là. Le vieil homme lui a tout raconté. Rien ne l'a arrêté. Ni les bateaux de pirates borgnes brandissant des sabres effilés. Ni le requin blanc qui n'a réussi qu'à croquer l'orteil trop grand, celui qui dépassait. Ni la sirène envoutante, qui après l'avoir sauvé des dents de l'animal, a voulu l'enfermer dans un palais de coquillages dorés.


         Il échappera lui aussi aux sirènes.
        Il est grand. Il pourra partir avec un bateau. Il y en avait plein dans les petits ports de pêche de ses vacances d'enfant. Il doit bien en rester un.
         Il a dit un jour à son grand-père qu'il retrouverait son doigt de pied.
     Alors il l'a beaucoup cherché. Sur la plage, en fouillant parmi les coquillages, en soulevant les algues gluantes et sableuses, en attendant la livraison des vagues, en se perdant dans les rochers.
         Aujourd'hui il ira chercher dans l'eau, au fond. Il ira pêcher l'orteil.
         Et puis il allumera un feu.
         Sur un coin de sable, entre quelques galets.

         Pourtant, son grand-père lui avait souri et lui avait murmuré que l'orteil pouvait rester là où il était. Sans lui, il avait bien réussi à poser le pied sur la rive de ce pays, à le traverser et même, oui, même à grimper tout en haut de ce grand immeuble gris.

Kathy Godiveau

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15 février 2013 5 15 /02 /février /2013 00:00

 La merveilleuse organisation du Monde

 

Chaque jour qui commence, est pour moi, une suite de moments magiques.

Le réveil sonne, je le prends dans mes deux mains et je lui dit "je t'ai entendu !", je le repose sur la table de nuit en prenant soin de diriger les chiffres lumineux vers le mur orienté vers l'est.

Je lisse ma housse de couette vingt fois du haut vers le bas et douze fois de la gauche vers la droite.

Je m'assois sur le bord gauche du lit, sans toucher le sol avec mes pieds. Je ferme puis ouvre alternativement les yeux en tournant la tête trois fois vers la gauche puis trois fois vers la droite.

Je pose délicatement la pointe de mon orteil gauche sur le carré rose situé à l'extrémité du bord droit de mon tapis.

Je m'applique à respecter cet enchaînement avec méthode et lenteur pour que ma journée se déroule dans l'harmonie la plus complète. Je sais par expérience que si une seule de ces étapes est oubliée ou seulement abordée, je rencontrerai des soucis avant le soir. Il est important de savoir saluer les objets qui nous entourent et chaque partie de notre corps avec le plus grand soin.

Après cela, rien de particulier. Je me douche, je me brosse les dents de haut en bas, exactement pendant trois minutes, je m'habille de rouge et de noir, je descends l'escalier tenant mes chaussures dans la main droite. Je me contemple dans le miroir situé à la gauche de la porte de la cuisine, juste au-dessus de la plante verte avec ses fleurs blanches.

J'ouvre les volets tout en saluant le jour qui s'introduit peu à peu dans ma demeure.

Je prends mon petit déjeuner, j'adore le bol rose dans lequel, je verse le thé ainsi que le sucrier en argent offert par mon arrière grand-mère.

C'est vraiment magnifique de savoir que chaque matin, je mets en place les différentes étapes de la journée.

Il faut bien reconnaitre que dans l'existence, tout est lié. les perles du collier, la paille de la chaise, la laine du tapis, les rails de chemin de fer, les mailles du tricot, les secondes après les secondes, la place du soleil dans le ciel, les lettres de l'alphabet pour construire les textes, les personnages dans les histoires. Prenons l' exemple d'une fable, "le corbeau et le renard" sans le corbeau, le renard n'est plus flatteur. Que dire des molécules qui s'enchaînent pour former nos cellules ?

Dans ce domaine, les preuves sont irréfutables. Dans chaque cellule, nous avons le programme de construction des protéines, reçu de nos parents, qui l'ont reçu de leurs parents qui eux-mêmes l'ont reçu des leurs. Je veux parler de notre fameux A.D.N (l'acide désoxyribonuclèique, comme chacun sait.).

Le plus merveilleux, c'est que nous avons chacun un ADN différent de celui de tout autre.

Maintenant, les policiers prélèvent le moindre indice pour obenir ce fameux ADN.

Bientôt, un fichier mondial des ADN sera établi. Peut-être, porterons nous un badge avec un code-barre qui contiendra toutes les indications indispensables pour nous reconnaître ?

J'imagine très bien que dans chaque magasin, chaque école, chaque entreprise, chaque salle de spectacle, chaque banque, chaque musée, nos coordonnées cellulaires s'affichent sur un écran à notre passage. Si ces codes correspondent à ceux d'une personne recherchée, un son particulier retentirerait et le vigile de service interviendrait aussitôt pour arrêter cette personne dangereuse.

Les affaires judiciaire seraient vraiment simplifiées.

J'ai développé une donnée pour étayer mes convictions mais je peux continuer à l'infini, ma liste des éléments liés ....

Qui oserait proclamer le contraire ? Cela serait absolument insensé.

Ceci dit, il m'est arrivé de rencontrer des personnes qui prétendaient que nous étions des "êtres libres ". Qelle horreur, j'en ai la chair de poule.

Imaginer la liberté, c'est imaginer le vide, un monde chaotique, sans construction, sans créatures.

C'est en fait un monde qui n'existe pas.

Depuis quelques mois, j'organise des réunions pour faire prendre conscience de cette magnifique organisation. Je prépare pour cela des tableaux avec des cases de couleurs différentes pour chaque idée, cela est convaincant.

Curieusement, certaines personnes venues m'écouter, m'ont suggéré d'aller voir un "psy". J'ai trouvé cette idée excellente. J'ai opté pour un praticien en hypnose.

Et là, j'ai à nouveau constaté que tout s'enchaîne à merveille. A chaque séance, je m'assois sur le même fauteuil de cuir noir, je pose mes pieds sur le même tapis persan, je place mes deux mains sur mes genoux, je ferme les yeux, j'écoute la musique émise par le casque posé sur mes oreilles et je me laisse guider par la voix du maître.

Je renouvelle ces séances chaque deuxième et chaque quatrième mercredis de chaque mois. Ce qui est formidable, avec cette recherche, c'est qu'à chaque fois, je découvre un nouvel élément à ajouter dans mon organisation personnelle. Je progresse vite. Par exemple, à la dernière séance, après m'être laissée guidée, j'ai pensé à me dire dix fois de suite dans ma tête, " mes milliards de neurones se connectent à la parole du maître."

 

Je voudrai ausi parler de mon travail extraordiaire. Celui-ci consiste, à poser des fiches devant chaque animal exposé au Museum d'histoire naturelle. J'écris les caractéristiques des invertébrés sur des feuilles jaunes, celles des poissons sur des feuilles bleues, celles des reptiles sur des feuilles vertes, celles des oiseaux sur des feuilles rouges et celles des mammifères sur des feuilles violettes.

Je m'applique à découper chaque fiche selon un carré de dimensions différentes proportionnelles à la taille de l'animal décrit.

La seule chose que je ne comprends pas, c'est que le plus souvent, je travaille seule. Je surprends parfois des sourires de Louise et de Paul, comme s'ils s'amusaient à mes dépends. Je crois vraiment qu'ils ont un réel problème. Je devrai peut-être leur proposer mon psy.

 

Il m'arrive souvent de chercher une nouvelle piste pour faire avancer mes idées. Je crois que j'ai trouvé.

Je vais écrire une histoire où les carrés seraient à la fête,en fait, cela serait la fête des carrés.

Cela me parait simple, je ne vais sans doute rencontrer aucune difficulté.

Allez, j'y vais. Je pars pour une promenade nocturne en quête d''inspiration. Arrivée dans la clairière du bois voisin, je m'assieds et je lève les yeux vers les cieux.

  • Oh ! Que ce quartier de lune est beau !

  • Et ces étoiles qui scintillent, un vrai feu d'artifice !

  • Bien sûr, bien sûr, mais elles n'ont rien qui ressemble de près ou de loin (plutôt de loin) à des carrés.

Quelle découverte, aucun astre et peut-être aucun êtres vivant de notre planète shérique, ne

sont bâtis sur une base carrée.

 

Je change de programme, je cherche ailleurs le facteur qui m'entraînera vers les carrés.

Y a t-il des saisons favorables aux carrés ? Peut-être en juillet, où les drapeaux s'installent aux fenêtres des mairies ou à Noël, lorsque l'on dépose les paquets cadeaux au pied du sapin, sans oublier les motifs que l'on a dessiné sur les carreaux vitrés.

 

Qui dit Noël, dit nouvelle année, là où l'on envoie encore quelques cartes de bons voeux.

De plus, chaque année nous recevons les nouveaux calendriers. J'adore celui des pompiers et surtout celui des Postes qui me relie au monde merveilleux des animaux avec leurs petits chats, leurs adorables chiens, leurs douces biches. Je place sur chacun d'entre eux, une petite fiche de couleur pour être en cohérence avec mon travail.

Je suis satisfaite, j'ai réussi . Oui, oui, j'ai sorti les drapeaux, les paquets, les carreaux, les calendriers, les cartes de voeux et j'en passe..

J'ai parlé de deux périodes privilégiées, mais en fait, maintenant que je me place devant mon écran pour écrire , je vois tout autour de moi, la multitude des carrés. Les photos posées sur mon bureau ainsi que le cendrier rouge sur son bord supérieur gauche, mes livres dans ma bibliothèque, mes agendas, les touches de mon clavier...

Une évidence m'apparait, "pour ne pas tourner en rond, il est indispensable de chercher des carrés",

Je crois que je vais utiliser cette formule comme devise au cours de mes réunions.

Michèle

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