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18 août 2012 6 18 /08 /août /2012 00:00

      DÉPART

 

Je suis partie dans ma voiture couleur lagon

Chargée comme un wagon

Vers l'aventure de l'écriture

N'y suis pas allée par 4 chemins

Choisi le plus sûr

Pour m'offrir une parenthèse de vie

Loin des turbulences, goûter la nonchalance

De nouvelles expériences

 

J'ai roulé roulé

Autoroute dense

Roues dans la cadence

Après Nantes, coups d’œil furtifs et réguliers

Bonnes directions sur mon papier

Plaisir de sortir de l'autoroute

Senteurs boisées que je goûte

Jusqu'à l'arrivée

Au Roc Saint André.

Bénédicte


Les caravanes passent, et puis un jour se posent,

ici ou là... j'irai y dormir, et puisque j'ai le choix,

je dormirai dans la bleue toute rouillée qui grince quand on la touche,

je dormirai dans la blanche pimpante aux rideaux rouges et aux papiers passés,

je dormirai dans la brune bohémienne au milieu des dentelles et des volants,

je dormirai dans la jaune soleil qui illuminera mes nuits,

je dormirai dans la blanche et noire comme les touches d'un piano,

et puis je dormirai à la belle étoile, pour ne rien perdre de la nuit.

RB 


 J'ai envie d'éclabousser de couleurs les murs nus et remplir les espaces vides...

Je suis toujours prête à embarquer avec des moussaillons sur des radeaux bricolés pour aller chercher avec eux les clés qui ouvrent des horizons ou découvrir un lac au coeur d'une île proche...

Je voudrais diluer le temps et l'espace pour me replonger dans l'Histoire, nager sans frontières d'un pays à l'autre et louvoyer au gré des courants, embarquer les amis perdus de vue...

Avec toujours l'espoir d'une surprise au bout de la ligne, d'un mot à boire ou à goûter, d'un geste à fleur de peau,

Et toujours de l'amour qui mouille qui ruisselle qui déborde, qui pleure qui rit et qui rugit, qui dort dîne, qui lave essore rince et rafraîchit, et qui jamais ne s'évapore...

RB


J'ai dérangé le grand héron perché sur un chêne.

     Chute d'un gland...

Il a pris son envol majestueux et traversé le canal.

     Rond dans l'eau d'un brochet...

Il a remonté le courant et s'est perché sur le plus haut peuplier.

     Ronde silencieuse d'une feuille...

Puis il est reparti vers le grand pont de pierre et a disparu au-delà du parapet.

     Tourbillons d'eau autour de la barge...

J'ai suivi des yeux la longue péniche , imaginé ses voyages au long cours entre deux ports, ou deux pontons.

     Reflet vif argent sur l'aile de la libellule...

Une goutte est tombée, puis tout le ciel en un instant qui a changé.

     Tout est devenu gris de plomb. 

RB


Orangeallô, le pays liquide où l'on ne se noie pas / un pays doux et sucré / une bulle d'eau qui ne pétille jamais / un coin frais et secret qu'il faut deviner / 

C'est un pays d'eau, qui ressemble à un étang entouré de roseaux. Ce n'est pas un pays vert comme on pourrait le penser, car il n'y pousse que des orangers, chargés toute l'année de gros fruits éclatants. Et justement, c'est la couleur orange qui distingue l'endroit et ses habitants qui, à première vue, se ressemblent tous: de la taille de têtards, ils savent tous nager, puisqu'ils vivent dans l'eau; lorsqu'ils en sortent, ils portent un chapeau (orange bien sûr) pour se protéger du soleil, et des sabots (orange aussi) pour protéger leurs pieds tendres. Comme ils se nourrissent principalement d'oranges, leur peau naturellement translucide a pris une teinte cuivrée. Ils consomment également les plantes et herbes aromatiques qui poussent autour de l'étang : menthe, épilobe, iris jaune, massette, nénuphar, alchemille, consoude, guimauve, saponaire, tanaisie, valériane, pissenlit, liseron ou saule. La récolte est abondante, mais très codifiée : chaque famille n'en récolte et n'en consomme qu'une seule variété ; ainsi se reconnaissent-elles entre elles à l'odeur qui émane de leur peau. Ils sont généralement pacifiques, sauf lorsqu'un intrus pénètre dans leur espace liquide. C'est le cas par exemple si d'aventure une grenouille y fait irruption. La flegmatique grenouille verte est pour les Allôranges l'Ennemi Public n° 1 !!!

RB


Pifco, Prince au pays de l'Orangeallô

Pifco se promenait un soir de pluie en lisière du bois de bouleaux blancs lorsque son pied glissa sur le bord d'un fossé. Il dévala une longue pente et se retrouva au beau milieu d'un minuscule étang noyé dans les massettes et les roseaux. Il ne savait pas bien nager et il but la tasse en touchant le fond. Mais c'était peu profond. Il prit une respiration en émergeant à la surface et s'aperçut alors que l'eau qu'il avait bue était sucrée, comme une orangeade. Il avait soif et c'était bon.

Soudain, autour de l'étang apparurent des dizaines de petits êtres vert glauque coiffés de chapeaux orange, qui s'agitaient sur la rive en criant "Tico! Tico", tandis qu'autour de lui nageaient en tous sens d'autres dizaines de petites créatures semblables à des têtards. Ils ne semblaient pas menaçants, cependant. Quelques-uns poussèrent une coque de noix dans sa direction. Fatigué, Pifco accepta le radeau et s'y installa. 

Alors les têtards le firent pivoter, tourner, tournoyer comme un derviche au milieu de l'étang. Il en eut la tête et le coeur tourneboulés ! Il était au bord de la nausée lorsque d'un coup le manège s'arrêta. Il entendit alors une acclamation générale et on le porta en triomphe tel un roi vers la rive. Puis on le baptisa: Tico Primus, Prince des Allôranges au pays de l'Orangeallô. Car c'est ainsi que se nommait ce petit pays étrange peuplé de farfadets verdoranges, qui venaient d'adopter et de couronner notre Pifco. 

Il paraît qu'il s'y trouve tellement bien qu'il y vit toujours en monarque. Il ne fait rien d'autre que se pavaner, quand tous les jours on lui fait faire le tour de l'étang sur sa coque de noix. Il se gave d'oranges, il boit du vin de tanaisie, bref il mange tout ce qu'on lui offre. Il est devenu rond comme une bille ! Vous ne serez pas surpris si je vous dis qu'il porte aujourd'hui une longue barbe d'un beau roux flamboyant, tout comme ses cheveux, qui conforte son image de patriarche...

RB

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13 août 2012 1 13 /08 /août /2012 00:00

 

 

DSC06410.JPG

Chez le poète-ferrailleur

 

Est-ce le mot "poète" ou le mot "ferrailleur" qui m'a attirée ?

Poète sûrement. Ferrailleur sans doute. Ou la collusion des deux. En fait, la première fois, c'est le mot "musée" qui m'y a fait amener des gamins en visite. Ce ne serait pas en tout cas un musée barbant ! Parce que dans l'idée que je m'en faisais, ça devait être un domaine destiné aux enfants. Et là, sur place, je me suis laissée prendre dans le mouvement des roues et des hélices, des cling! ding! klong! et whizzzzz! J'ai embarqué sur les rêves du poète. Depuis, j'y suis revenue. Toute seule...

RB


 

La roue du poète-ferrailleur

   

Je crois que je me suis arrêtée devant la seule roue qui ne tourne pas ici.

C'est sans doute cette immobilité, cet enfouissement qui m'ont attirée. Et puis je la trouve belle à émerger ainsi, à demi-nue, à nous montrer ses courbes. Je la trouve presque alanguie.

Instinctivement, j'ai eu envie de regarder sous la terre. Y-a-t-il sur le métal la même rouille ?

Y-a-t-il toute la beauté, toute la vie qui explose à la surface dans des ruissellements, des mouvements, des tintements ? J'imagine que oui. Il n'y a pas plus de solitude en-dessous qu'au dessus.

J'imagine des armées de fourmis, réunissant la force de leurs membres d'insecte, grimpant les unes derrière les autres sur l'arc de cercle immergé, sans jamais s'arrêter.

Je les imagine dans une quête qui leur serait propre, qui s'afficherait en quelques mots aux frontons de leurs monuments souterrains, en lettres de terre étincelantes : " démarrer sur les chapeaux de roue !"

Et toutes, dans la magie de ce mystère affiché, se lancer ensemble et seule à la fois à l'assaut du métal immobile, petites héroïnes invisibles, sacrifiant leur vie peut-être dans la quête de cet impossible mouvement.                  

   

                                                                                     Kathy


 

             Il était parti tôt le matin, à l’heure où le soleil, encore absent, teinte de rose le firmament et fait reculer la nuit. Pour faire décoller son engin, il avait mouliné de toute la force de ses bras, inconfortablement assis dans sa coque de métal.

            Avec moult grincements, le mécanisme s’était enclenché. Malgré la sueur qui ruisselait sur son front, levant la tête, il avait suivi le mouvement de la spirale au-dessus de lui qui, peu à peu, s’était mise à tournoyer. L’émotion l’avait étreint lorsque les roues lentement s’étaient ébranlées, mettant en marche sa si belle invention. Un instant son cœur s’était arrêté. Les roues… Les roues… Il avait bien senti quelque chose… Un trou, une ornière, un rocher ? Il en avait la certitude, l’axe avait bien vrillé, les roues étaient désormais désaxées !

L-inventeur-aviateur.jpg            Qu’importe ! Il avait rejoint la mer. Dans le silence de l’espace joliment rompu par le sifflement joyeux des ailes dans l’air frais de ce début de journée, tout en moulinant, moulinant, moulinant encore et encore, à ne plus sentir ses bras, il avait goûté là-haut, si haut, un magnifique instant de bonheur étincelant. Il aurait voulu que ce moment dure toujours, toujours, toujours.

            Une vilaine et douloureuse crampe le ramena à la réalité. Il était grand temps qu’il songe à atterrir. L’inquiétude le tourmentait. Comment ses jolies roues argentées, immobiles dans l’azur, telles des sœurs siamoises, accepteraient-elles la manœuvre ? Et puis, où atterrir ? Où ? L’océan à perte de vue, partout de l’eau, de l’eau, de l’eau… 

            Mais en bas, juste en dessous, un bateau à l’étrange équipage s’agitant, se perdant dans les mêmes gestes, au milieu de voiles de métal, et des roues, des roues, encore des roues qui tournaient, tournaient, tournaient sans fin…

Véronique


 

Il n’avait pas inventé la roue. Il faisait la route, sans y chercher fortune. Il dévalait les pentes, atteignait des sommets, contemplait l’horizon. Du soir au matin et du matin au soir, à la rencontre des choses et des êtres, il tentait de comprendre les rouages qui faisaient ainsi tourner le monde.

Véronique


 

Le singe vert

Vous êtes tout seul, enfermé dans la petite véranda de la maison écologique, au fond du jardin, caché presque à la vue des passants. "Bon, on y va ?" dit le papa à son fiston, qui ne vous ont ni l'un ni l'autre accordé plus d'un rapide coup d'oeil. C'est vrai que vous n'êtes pas gai, Monsieur ! Pourtant, il y a des enfants qui vous appellent "le singe". C'est drôle, un singe ! D'habitude, ça fait rire les enfants. 

Vous, vous marchez. C'est tout. Et puis vous vous arrêtez. Chaque fois qu'un visiteur un peu plus curieux vient à pousser le bouton, vous repartez. De votre pas pesant, accablé de soleil, chargé comme un mulet de votre éolienne et d'un lot improbable de casseroles, poêles et ustensiles variés qui clonquent et clanquent, en ahanant, vous avancez sur place, la tête penchée presque à tomber. Et tournent l'éolienne et sa roue, et ses pales, et l'engrenage qui meut la chaîne de vélo qui vous tire encore un effort, encore un pas devant... Vous me fatiguez, Monsieur ! 

Et pourtant, que de rêves dans votre caboche rouillée ! Que de projets fous vous aviez bâtis, étant jeune, dans ces années belles et rebelles de la "révolution" ! Qu'en avez-vous fait ? Qu'en reste-t-il ? Qu'est-ce qui vous fait avancer ?

Vous êtes un auto-portrait du poète, c'est écrit là, sur la porte : "Soixante-huitards retardés, éternels quêteurs un brin rebelles au monde gaspillant, créateurs de neuf, amoureux d'un Dieu braconnier, vous portez sur votre dos l'éolienne, symbole du vent libre et de gratuité". Vous nous faites un peu peur, Monsieur ! L'héritage est peut-être trop lourd ? 

Tourne la roue de votre destin... Vous marchez, et vos épaules se courbent et votre pas se fait plus lourd de jour en jour. Mais votre tête est légère. Vous marchez vers l'horizon de vos rêves, vers la ligne de front où se dressent fièrement les six moulins à vent que vous avez si fort défendus, au nom de la liberté.

Le soleil a tourné et l'ombre rafraîchit la petite véranda...

RB

 


CHEZ LE POÈTE FERRAILLEUR

 

Le mouvement du bruit dentelé saccadé

chavire mes oreilles

Tintements, voix, cris mêlés

Mes neurones se brouillent mais je me débrouille

Dans cet espace de magie, de féerie

Je me sens envoûtée

Le plus petit brin d'herbe est si fier d'être là

Figurant gracieux et généreux

Au cœur du spectacleDSC06412.JPG

 

Près d'une spirale

Quelques pétales de métal

indifférents au souffle du vent

Soudés définitivement

Le temps continue de tourner

On voudrait qu'il comprenne

C'est le moment de s'arrêter, juste quelques instants

Mais il pousse à la roue perpétuellement

De ses encouragements on peut être friands

et admirer inlassablement les trouvailles éraflées, écaillées

Ferrailles magnifiées, nées d'une seule tête

Celle d'un poète.

Bénédicte


 


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12 août 2012 7 12 /08 /août /2012 00:00

cabane-discrete-281916 

 

Dans ma maison, vous ne viendrez pas par hasard,

elle est sur votre route

et si elle vous appelle,

ne vous étonnez pas,

elle vous a reconnu(e)

ne lui résistez pas,

arrêtez-vous et entrez,

la porte sera ouverte.

J'y suis arrivé(e) comme vous, un soir,

j'allais passer,

elle m'a fait signe,

c'est le destin

ce n'était pas le hasard...

RB

 


 

Ma maison

 

Dans ma maison, j'ai tout changé.

Les rideaux blancs, bien repassés, j'en voulais plus.

J'ai mis les orange avec les fleurs bleues dessus.

Tous les cailloux, les beaux, les carrés, les bien choisis,

Ceux qui me montraient les pas à suivre dans l'allée,

Je les ai arrachés et les belles herbes ont poussé.

Et puis la pelouse derrière, je l'ai piétinée.

J'ai couru, j'ai sauté, j'ai roulé, je me suis bien marré.

Il y a encore maintenant la trace de mon corps, là où

je me suis allongée.

Vous verrez quand vous viendrez.

Dans la penderie, j'ai décroché tous les habits,

Et je les ai mélangés, chemise verte avec pull rayé,

Jupe jaune avec gros bonnet,

C'est bien, tous les jours je peux me déguiser.

Et puis dans ma maison je me suis couchée

Les fenêtres ouvertes, les volets pas attachés,

D'ailleurs demain, je les repeins et sur ma maison je dessinerai

Des cocotiers, des mers bleues, des rochers ensoleillés, des cascades,

Des sourires, des échiums comme sur l'île de Bréhat, des hortensias,

Des magnolias, des chaises longues, des fusées, des péniches, du vent

Et de la légèreté.

 

Dans ma maison, je dors encore

Et doucement vient l'aurore.

 

                                                                           Kathy

 


 

                J’ai trouvé ma cabane à l’orée d’un bois, accrochée au flan d’une colline. Ses planches de bois bruns verdies de mousse et de lichens se confondent aux troncs des grands pins qui la bordent.

                Au plus fort de l’été, quand la chaleur terrasse tout alentour, je grimpe tout là-haut, transpirante, ruisselante et vais chercher le vent. Certains jours, je cède à mes envies de rouler et bouler tout en bas, faisant fi de la voix paternelle, qui pour me l’avoir si souvent seriné, résonne encore en moi. « Cesse de faire l’andouille, tu finiras par te tuer ! ». Andouille et pommes de terre ! Non, non, non ! Je ne repose pas cent pieds sous terre, mais sur l’herbe verte, et je respire. Je respire… Je respire… Enfin ! J’imagine un ailleurs, un autrement à vivre, pour le plaisir. Je m’étonne, m’émerveille et savoure de délicieux instants. Le soleil sur ma peau, un souffle d’air comme une caresse, une coccinelle au bout de mon doigt qui prend son envol, un scarabée aux reflets bleutés qui, besogneux, se fraie un chemin parmi les feuilles…

                Ma cabane n’a qu’une fenêtre égayée de rideaux fleuris, rouge délavé. La porte, qui ne ferme plus, est ouverte aux 4 vents. Contre la façade, au milieu des fleurs sauvages, un banc me tend les bras. C’est là, quand vient le soir, à l’ombre d’un cerisier, que je t’attends.

Véronique

 


 

J’aurai jamais une maison dorée, ça me fait mal à la tête toutes ces clefs à tourner pour en sortir.

J’ai rarement une maison fermée, car si la fée ménage voulait entrer, je ne supporterais pas qu’elle trouve porte close.

J’ai parfois une maison carton, c’est ce qu’il y a de mieux pour déménager rapidement.

J’ai régulièrement une maison vieille et moche quand l’oubli que tout n’est qu’illusion me cloue d’amertume

J’ai souvent une maison qui pétille quand je m’enivre de Lambrusco fresco.

Et j’ai toujours une maison fleurs pour être cueillie à la rosée du matin. 

 

Patricia

 



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12 août 2011 5 12 /08 /août /2011 00:00

 

 Chez Robert, le poète-ferrailleur

                                                  lizio-2011 9307

  Chez-le-Poete-Ferrailleur-0727[1] 

 

   

 

  

Dehors, la pluie. Dedans, elle, seule, en pleurs, dans le noir. Soudain, de loin, elle sentit comme une vibration d'ailes: un vol d'oiseaux couleur de feu, vifs comme la flamme, passa devant sa fenêtre.     Elle se leva d'un bond pour les revoir et son chagrin s'envola à leur suite. Elle eut envie de danser et chanter sur une petite musique légère... 

 

Texte à partir du mot AILE, de Régine Béber


  Devant l’arbre à vent et accompagnée du texte d’Emile Verhaerne.

 

«  Si j’aime, admire et chante avec folie le vent,

c’est qu’il grandit mon être entier et c’est qu’avant de s’infiltrer par mes poumons, mes pores, immensément il a étreint le monde. »

E.Verhaerne


 

L'enfant arrive en sautillant sur l'allée Phare et arbre à ventd'herbes, s'arrête un instant à regarder les oies, et stoppe devant l'Arbravent.

Une drôle de chose, qu'à première vue, il comprend, mais qui l'intrigue: un tronc jaune fait d'un socle et de gros bouts de tuyaux, duquel partent des tubes comme des bras tordus.  Sur ces branches tournicotent au gré du vent des roues de cycles, des hélices, des espèces de cuillères pleines de trous et autres moulins multicolores...

Soudain, le vent tombe et tout s'arrête net. L'enfant hésite, regarde autour de lui, puis, avisant une manivelle à portée de sa main, l'empoigne et tourne.

Alors, le mécanisme se met en mouvement: à ses pieds, les godets s'emplissent d'eau et la déversent, ravivant le chuchotis du ruisseau et, oh miracle ! Le vent se relève, entraînant de nouveau les roues, les hélices et les tourniquets. Dans un bruissement d'ailes, l'enfant prend son envol... 

Régine Béber


 Près du manège et accompagnée du texte de Clodine.  

 

J’ai vu une vieille dame en âge 

A robe bariolée 

Canne tricolore et spiralée façon sucre d’orge…

Elle sortait d’une maison de bric et de broc 

Chalet loufoque, 

mi-manège, mi-cabane 

caché sous les lianes. 

La vieille dame s’en allait avant l’orage

Pour quelques pas sur le chemin de halage.

Partir et revenir.  

Clodine


 

Bateau-chevaux

 

Du carrefour des Quatre-Vents, je descendais vers le P'tit Manège, lorsqu'en chemin je rencontrai un équipage tout droit sorti d'un roman de Jules Verne: une deudeuche amphibie, mi-auto, mi-bateau, déboula d'un nuage pour se poser sans manières sur le lavoir, entre deux nénuphars.

En sortit une vieille dame en nage !

Vêtue d'un jupon coquelicot, elle ôta son chapeau rigolo et s'épongea le front d'un coin de son tablier en nid d'abeille - c'est vrai qu'il faisait chaud !!

Puis, d'un saut de grenouille, elle enjamba la margelle et se mit en route vers le moulin.  Au passage, elle me gratifia d'une révérence de son chapeau de paille gruyère et disparut. 

Je restai planté là, n'en croyant pas mes yeux, attendant je ne sais quoi, espérant qu'elle revienne. Des heures longues comme des minutes passèrent. Il ne se passa rien. Le jour tirait à la nuit. J'étais seul avec mon ombre qui s'allongeait de dépit. 

J'allais faire demi-tour lorsque le P'tit Manège se mit en mouvement. Personne à l'entour. Etait-ce un appel ? Je m'approchai pour mieux voir. Assis sagement dans leurs drôles de machines, regardant droit devant, les personnages tournaient en rond, passaient et repassaient sous mon nez sans me voir. Pourtant, là-haut, posé sur un nuage au-dessus du manège, flottait un équipage tout droit sorti d'un roman de Jules Verne: une deudeuche amphibie, mi-auto, mi-bateau, pareille à celle que j'avais vue plus tôt... mais tout en miniature.

Assise au volant, une minuscule petite vieille agitait son chapeau de lune en guise de salut.

Et puis elle disparut. Le manège s'arrêta. Il faisait un noir d'encre, une seiche n'y eût pas retrouvé son cornet ! A tâtons, je rebroussai chemin. Mais avant de regagner mon gîte, je voulus en avoir le cœur net et jeter un œil du côté du lavoir. Tout y était tranquille. Soudain, une luciole s'alluma et, à la faveur de sa lueur, je vis une grenouille, assise sur un nénuphar rouge, qui coassait paisiblement... 

Régine Béber


Choix du lieu : face au penseur rouge.

Intégrer la phrase : «  Quand ta caresse aime mon corps fatigué. »

 

 lizio-2011 9764C’est vrai, tu penchais toujours la tête sur le côté gauche comme pour mieux entendre le son de ma voix qui te chuchotait des mots doux. Tu disais toujours que tu voulais qu’ils ne s’échappent pas.

Parfois, aussi, quand tu étais fatigué, accablé, tu prenais cette même posture. Tu me disais que tu captais la voix du monde, que l’atmosphère se transformait à ces instants d’intense concentration, de méditation.

Malgré le poids et la laideur du monde, dominait toujours en toi, l’espérance d’un monde toujours plus juste, plus humain, respectueux de toutes les richesses que nous offre la vie, l’univers source d’imaginaire.

La philosophie de la vie, t’envoyait des leçons, parfois tu doutais du bon sens de tes décisions et de tes choix.

A ce moment-là ton âme, rejoignait toutes les cellules de ton corps : univers onirique, vrai labyrinthe imagé !

Dans une longue respiration tu pouvais te mettre au diapason avec ta sœur d’âme et dans ces moments privilégiés, je me souviens de la complicité, de l’amour qui nous unissait, sans oublier quand ta caresse aimait mon corps fatigué. Oui, il existait une vraie usure du temps et des souffrances qui ont façonné mon corps. Mais toi seul savais l’honorer, le dessiner, le respecter et l’aimer.

Vraie union de nos âmes, véritable don à l’autre. Je souriais doucement sous tes mains caressantes et j’adorais te chuchoter quand tu mourras, car je savais que tu allais mourir et laisser ta peau et ton corps faire son chemin.

Je te ferais sculpter dans une terre d’oc avec cette posture, assis sur une pierre, la tête penchée, passif et essayant de capter les ondes de l’univers.

A l’écoute, du temps, de la nature, les plantes symbolisent ta capacité à recevoir, à écouter, pour mieux redonner.

Oh toi mon âme sœur, je te retrouve prêt à partir sur des chemins nouveaux, à la croisée des lumières et des ténèbres. Moi mon âme s’est volatisée dans la sphère inconnue de l’imaginaire relié à la terre pour mieux nourrir les oiseaux messagers de la liberté d’être, de crier.

Hommage à toi, poète ferrailleur. Peut-être qu’au lieu d’une caresse qui me rendrait farouche, recevrais-je un sourire illuminé.

Michelle Gourlay

 


Ecrire à partir du mot Sillon.


Tourner en rond dans le sillon de ses envies.

Tourner si bien que se dessine un sillon,

tout rond, tout blond.

Creuser.

Les écritures racornies

se mettent en route, en fête,

virevoltent au-dessus de la terre,

humus-humanité.

Clodine


Ecriture en atelier à partir du mot AILE.

 

De ses mains, elle fabriquait des ailes d’oiseaux.

Ailes en papier, ailes en osier, elle hésitait.

Parfois soupirait, ne savait plus que choisir

Mais de ce soupir naissait la fantaisie, malgré elle.

Et ses ailes s’envolaient, au loin.

C’était bien.

Ailes ribambelles

Ailes ritournelles.

Clodine Eté 2011


Ecriture en atelier avec  les mots: Utopie, galopin, labyrinthe, murmures de l’âme.


Comme un galopin espiègle, farceur et blagueur, je cache mes peurs et mes peines.

Du fond du labyrinthe, je sens le parfum des jacinthes qui m’autorise à m’envoler dans une sphère imaginaire.

Surgit une explosion de couleur, de forme, de joie, de mouvements, de points de suspensions.

Une interrogation au fond de mon cœur :

où va ta vie ?

Ah ! Tu as laissé au bord de la route l’imaginaire, la créativité, la spontanéité ! Galopin revient !

Oh mais j’entends le murmure de l’âme qui me suggère le changement pour butiner, me poser, pour passer à l’acte du renouveau !

Utopie dans un envol du renouveau des possibles !

Michelle G


  Ecrire à partir des 4 mots : galopin, rêverie, mouvement, intuition

 

Ma rêverie se met en mouvement !


J’ai retrouvé mon âme de galopin !


Ce matin, j’ai eu une intuition, je devais profiter des vacances pour m’aventurer dans une voie qui n’était pas tracée !!! 


  Ecrire dans ou sur un lieu du musée et intégrer une phrase imposée     

lizio-2011 9767

 

C’est une histoire de promesse

De douceur et d’allégresse

Cette main accueille mes fesses

Dans un geste de tendresse

Au cœur de la maison ronde

Pas besoin d’une mappemonde

Juste des mots qui vagabondent

Pour réinventer le monde

Cet instant qui me sourit

A l’heure des doutes, des défis

Des réponses après la pluie

Que me-promets- tu, ma vie ? »

  Anne-Marie LE BRUN


Accompagnée du texte de Béatrice Soulé.

 

Même Ousmane Sow a été petit.

 

Un oiseau est capable de construire sa maison, pourquoi pas moi ?

 

Ousmane fabrique une maquette de la maison de ses rêves et la fait construire à l’identique. Il la recouvre ensuite de la même matière que celle de ses sculptures : un matériau qu’il a inventé en mélangeant divers produits. Il adore cela : mélanger ! Enfin il décide de créer lui-même les carreaux multicolores du sol à partir de cette même mixture.

 

Avant qu’ils soient secs, les chats, les amis de passage marchent parfois dessus y laissant leurs empreintes. Loin de se fâcher Ousmane est ravi : «  J’ai les pieds de Julien pour l’éternité ! » Le sol se remplit de souvenirs. »

Béatrice Soulé

 


Les mots de Robert, poète-ferrailleur

 

pecheur-d-etoiles.jpg 

Demeure dans le mouvement, utilise tes voiles, tes élans, poumons et oreilles...

Si tu as des pieds, c'est pour marcher. Il y a des fêtes pour danser, et des églises aussi ... pour danser, du silence pour se taire ...

 

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